Annie Girardot nous lègue une filmographie impressionnante et une carrière qui commence en noir et blanc. Elle débute en 1957 à côté de Jean Gabin dans le policier Le rouge est mis et enchaîne avec Jean Gabin dans l’histoire d’un serial killer à Paris, Maigret tend un piège (1958). Luchino Visconti lui confie un rôle dans Rocco et ses frères avec Alain Delon et Roger Hanin. En 1967, elle tourne Vivre pour Vivre de Claude Lelouch avec Yves Montand et change sans problème le registre en partageant l’affiche avec Louis de Funès dans La Zizanie de Claude Zidi avant de tourner avec Marcello Mastroianni dans Le grand embouteillage de Luigi Comencini.
Fille d'une sage-femme
Née le 25 octobre 1931 à Paris, fille d'une sage-femme, Annie Girardot suit les traces de sa mère et fait des études d’infirmière à Caen. Mais très vite, elle change d'orientation et fait ses premiers pas le soir dans des cabarets à Montmartre. En 1954, elle est engagée à la Comédie Française et sa carrière débute lentement. Même si Jean Cocteau voit en elle « le plus beau tempérament dramatique de l'après-guerre », elle peine à percer dans le milieu. Mais après une série d'échecs, elle connaît enfin le triomphe en 1974 grâce à un rôle qui sera le sien jusqu'à la fin de sa vie, celui de Madame Marguerite.
Ce rôle lui permet de devenir une des actrices les plus populaires des années 1970, durant lesquelles elle tourne de nombreux mélodrames et comédies. En 1971, elle incarne une enseignante dans « Mourir d’Aimer », qui sera l'un de ses plus grands rôles et que Muriel Robin reprendra dans une adaptation télévisée en 2009. Incarnant bien souvent des rôles qui mettent en avant les femmes et le féminisme, elle remporte le César de la meilleure actrice en 1977 pour son rôle dans Docteur François Gailland.
Les Misérables et La Pianiste
En 1995, elle s’investit dans l’adaptation moderne du roman de Victor Hugo Les Misérables, réalisé par Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo et Michel Boujenah. En 2001, pour son interprétation de mère envahissante dans La Pianiste de Michael Haneke, elle est consacrée meilleure actrice dans un second rôle aux César. Dans Boxes, sortie en 2007, elle donne une de ses dernières apparitions sur le grand écran en compagnie de Jane Birkin, Geraldin Chaplin, Michel Piccoli et Lou Doillon.
Le symbole de la maladie d'Alzheimer en France
Atteinte depuis 2006 de la maladie d'Alzheimer, l'actrice avait perdu progressivement la mémoire et ne se souvenait plus de ses années de comédienne. En 2006, lors de sa consécration comme Meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans Les Misérables, elle tient un discours poignant sur son combat contre la maladie. Son courage d’affronter sa maladie en public lui confère un rôle symbolique de la maladie d’Alzheimer en France.
Les dernières années, Annie Girardot vivait en retrait, soigné dans un établissement spécialisé. En 2007, sa fille Giulia Salvatori, qu’elle avait eue en 1962 avec Renato Salvatori, son partenaire dans Rocco et ses frères, lui a consacré un livre nommé La mémoire de ma mère dans lequel elle consigne les souvenirs de sa mère. En 2008, dans un documentaire de TF1 Annie Girardot, ainsi va la vie, elle évoque pour la dernière fois sa maladie en public.