«Ci-gît Glissant. A-t-il vraiment cessé de trembler ?»...
Edouard Glissant imaginait ainsi en 2005 l'épitaphe qui pourrait être inscrite sur sa tombe. Une phrase qui résumait bien la nature bouillonnante de cet eternel jeune homme impatient qui enregistrait, tel un sismographe, les tremblements du monde.
Elève brillant né en 1928 dans une famille martiniquaise modeste, il avait pu faire des études de philosophie à La Sorbonne en 1946. Il prolonge les thèses de la négriture d'Aimé Césaire en forgeant le concept de créolité.
Poète engagé dans les mouvements anticolonialistes, Edouard Glissant est expulsé des Antilles françaises pour ses idées indépendantistes et assigné à résidence en métropole au début des années 60. il est alors déjà une figure littéraire importante, ayant remporté, en 1958, le prix Renaudot pour son premier roman, La lézarde.
En 65 ans d'écriture, et plus de 40 livres, romans, poèmes ou essais, Edouard Glissant avait prédit les mutations profondes de l'époque moderne, ses migrations et ses métissages.
Dans sa théorie du "Tout Monde", toutes les cultures se valents et échangent sans pour autant se dénaturer. Une philosophie humaniste qu'il avait mise en pratique en ouvrant, à Paris il y a quelques mois son Institut du Tout-monde.