C'est à la fois un procès pour la mémoire et un procès pas comme les autres qui vient de débuter. Un procès sans accusés, ni avocat de la défense. Car les quatorze militaires accusés de crimes, dont le principal est Manuel Contreras, l'ancien chef de la Dina, la police secrète du régime chilien, ont refusé de quitter le Chili et de répondre à la convocation de la justice française.
Ils ont aussi refusé d'être représentés. Certains ont déjà été condamnés, d'autres sont assignés à résidence. Mais en refusant de venir à Paris, les familles de victimes savent bien qu'ils dénient à la justice française le droit de les poursuivre.
Un procès sans contradiction
Le président de la cour d'assises, Hervé Stéphan, a donc ce matin, appellé en vain les accusés et constaté comme prévu leur absence. Les quatorze membres de l'ex-junte chilienne vont néanmoins être jugés dans le cadre de la procédure dite de défaut criminel, qui a remplacé la contumace depuis 2004. Mais en l'absence d'avocat pour assurer leur défense, il n'y a pas de jurés populaires, seuls siègent des magistrats professionnels.
Un drôle de procès, donc, sans contradiction, et surtout un procès pour l'Histoire et pour les familles des quatres français disparus sous la junte chilienne. C'est aussi, d'une certaine façon, une psychothérapie de groupe, même symbolique, car la justice sera rendue.