Le Téléthon cherche des dons et une nouvelle adhésion du public

La 24e édition de la plus grosse collecte populaire au monde s'ouvre ce vendredi soir, 3 décembre 2010. Le Téléthon trustera les plateaux télévisés de France 2 et de France 3 jusqu'à dimanche dans la nuit. En sollicitant la générosité des Français l'association française contre les myopathies (AMF) entend recueillir des fonds pour financer la recherche sur les maladies génétiques rares.

Plus de 95 millions d'euros récoltés l'année dernière, en 2009, soit 87 % du budget de l’AMF. Le Téléthon sollicite la générosité des Français à grands coups de festivités populaires et locales. Et ça fonctionne. Il canalise à lui seul 3 % de leurs dons annuels et est indéboulonnable de la première place dans la top-list des associations bénéficiant de dons en France.

Le concept de ce grand battage médiatique, importé des Etats-Unis dans les années 1980 est un triomphe en France dès sa première édition. L’AMF raconte encore que les huit chiffres du compteur électronique n’avaient pas suffit à enregistrer toutes les promesses de don, il avait fallu en ajouter un neuvième à la main, peint sur du bois.
Le public suit et, année après année, les sommes collectées augmentent, quasiment sans exception. Un pic est atteint en 2008, l’AMF engrange 105 millions d’euros.

Le Téléthon, populiste

Pourtant, derrière les plateaux de télévision, les critiques fusent. La première vient de l’Eglise catholique, en 2006. La commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon s’en prend à la « stratégie eugéniste » du Téléthon qui pratiquerait un tri sélectif d’embryons. Le responsable de la commission bioéthique du diocèse précise que les « ‘bébéthons’, [sont des] nouveau-nés qui sont sains parce que, n’ayant jamais été malades, ils sont les survivants d’avortements programmés in vitro ou in utero ». L’AMF se défend en affirmant simplement mener « un combat pour la vie ».

L’attaque de Pierre Bergé, homme d’influence et président de Sidaction, l’année dernière, quelques jours avant le lancement de la manifestation, fait plus de bruit. Il accuse le Téléthon de « parasiter la générosité des Français d’une manière populiste ». Line Renaud, la vice-présidente de l’association demande, elle, au Téléthon « de partager ».

L’association de lutte contre le sida, en remettant en question le phénomène médiatique, interroge sur l’importance qu’il a pris dans le paysage des causes. Pourquoi accorder tant de visibilité médiatique, et d’argent, aux maladies génétiques, en comparaison à d’autres. L’offensive fait mouche puisque les dons chutent de 10 % par rapport à l’année 2009.

La dernière salve intervient début novembre. Le Figaro affirme que France Télévisions envisagerait de ne pas reconduire l'émission, son contrat avec l'AFM, renouvelé tous les trois ans, arrivant à terme le 31 décembre 2010. Information vite démentie par Rémy Pflimlin, le président du groupe d’audiovisuel public qui déclare vouloir simplement vouloir « retrouver une dynamique à l’émission » et que son groupe cherche « une nouvelle formule ».

Le Téléthon, défendu

Alors que le plus grand centre de production de médicaments de thérapie génétique au monde vient d'être inauguré à Evry, en partie financé par les dons du Téléthon, la manifestation est aussitôt assurée du soutien de Frédéric Mitterand, ministre de la Culture, et de Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’emploi et de la santé. Vingt-quatre  chercheurs internationaux battent la menace en brèche en diffusant un manifeste de soutien et d'attachement à « un exceptionnel élan populaire ».

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