Nicolas Sarkozy à la télévision pour dévoiler ses intentions après le remaniement gouvernemental

Nicolas Sarkozy s'est adressé ce mardi soir 16 novembre aux Français en direct de l’Elysée sur trois chaînes de télévision (TF1, France 2 et Canal+). Il a tenté de défendre le choix de son nouveau remaniement. Le chef de l’Etat a fixé les grands axes de sa politique, détaillé la feuille de route de son gouvernement et évoqué également les priorités de la présidence française du G20. 

Nicolas Sarkozy a entamé son intervention d’une heure et demie très attendue par les Français en s'expliquant sur le remaniement et en réaffirmant sa « grande confiance » à  François Fillon, le « meilleur Premier ministre de la France ».  « Si j'ai demandé à François Fillon de continuer, c'est parce que j'ai une grande confiance en lui, parce qu'il est très compétent, parce que nous travaillons ensemble sans aucun nuage depuis des années », a-t-il précisé. Le gouvernement Fillon durera jusqu’à la fin du quinquennat, « sauf imprévu ».

Sur Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Ecologie : Le président aurait souhaité que Jean-Louis Borloo, « homme de très grande qualité » reste au gouvernement. «J'ai pour Jean-Louis Borloo de l'amitié, beaucoup d'estime. Il a très bien géré toutes les crises», a-t-il ajouté citant Xynthia et la toute récente crise des carburants. « Il a été à la hauteur de la situation et un jour Jean-Louis Borloo rendra d'autres services à la France ». « Jean-Louis Borloo et moi nous sommes en situation de grande confiance aussi », a assuré M. Sarkozy. Jean-Louis Borloo faisait figure de premier-ministrable et a préféré quitter le gouvernement lors du remaniement.
 

Sur l’immigration : Nicolas Sarkozy a assuré qu'il ne renonçait pas à lutter fermement contre l'immigration clandestine malgré l'abandon du ministère de l'Immigration et du concept d'identité nationale. « J'ai renoncé à l'identité nationale comme mots, parce que ça avait suscité des malentendus. Mais sur le fond des choses, je n'y renonce pas ». « Le mot identité nationale a provoqué des malentendus, sans doute qu'on s'y est mal pris ». Il a souligné que la disparition du ministère de l'Immigration, dont les prérogatives échoient désormais au ministre de l'Intérieur, permettrait au contraire de mieux réguler les flux migratoires. « Le gouvernement de François Fillon portera une politique de l'immigration humaine et en même temps ferme», a-t-il dit. Il a prévenu que si la France ne « maîtrisait pas les flux migratoires », elle s'exposait au « collapse » de son système d'intégration.

Pour un islam de France.  « Nous voulons un islam de France et non un islam en France », a encore expliqué Nicolas Sarkozy, président d'un pays comptant 5 à 6 millions de musulmans, pour la plupart d'origine immigrée. «  Ce que nous voulons, c'est que les étrangers respectent nos valeurs, respectent nos coutumes  », a-t-il ajouté, revenant également sur l'interdiction en France du voile islamique intégral. « Nous ne voulons pas de femmes enfermées derrière une prison, fût-elle de textile », a dit Nicolas Sarkozy.

Ce n’est pas un gouvernement partisan. Le président Nicolas Sarkozy a déclaré que le gouvernement de François Fillon issu du remaniement n'était « pas un gouvernement partisan », mais un « gouvernement resserré ». Et naturellement, à partir du moment où il y a moins de ministres, il y a moins de représentants de toutes les formations politiques. «Avec François Fillon, d'ailleurs, nous avons écarté du gouvernement plus de personnalités UMP que de toutes les autres formations», a poursuivi Nicolas Sarkozy, en réponse aux critiques sur un repli autour du noyau dur du parti présidentiel, indiquant par ailleurs avoir «voulu une équipe très professionnelle, très solidaire».

Sur la réforme des retraites. Les syndicats ont été responsables mais « ça n'a pas été une bonne idée pour certains partis politiques d'appeler les lycéens à manifester ». « Les 35 heures ont été une erreur économique considérable et une erreur sociale qu'ont payé cher les ouvriers ». « Vous imaginez dans un pays comme la France le jour où on ira dire aux 15 millions de retraités (...) y a plus de quoi payer vos retraites! et Mme Aubry va aller en disant y a qu'a faire 37 milliards d'impôts en plus ».

Sarkozy juge normal de porter «la mauvaise humeur des gens». Le président Nicolas Sarkozy, qui fut souvent pris à partie lors des manifestations contre la réforme des retraites, a jugé normal de subir la mauvaise humeur des gens, étant donné sa position. Le chef de l'Etat, dont le style est souvent décrié par ses détracteurs, s'est dit prêt à faire évoluer sa manière de présider le pays. «C'est normal qu'en période de crise, et nous avons connu une crise (...), c'est normal que le président, qui est responsable, soit celui qui porte la colère, l'inquiétude, la mauvaise humeur» a-t-il déclaré. «Quand on est président, on doit faire son devoir», a-t-il ajouté. «La question pour moi dans l'affaire des retraites n'était pas question de la popularité, c'était pas la question de préparer 2012 ou pas».

L'ex-ministre du Travail Eric Woerth a jugé plus facile de quitter le gouvernement. Le président Sarkozy a estimé qu'il serait plus facile à Eric Woerth de se défendre dans l'affaire Bettencourt s'il n'était plus ministre. « Lui-même m'a dit qu'il serait plus simple pour lui de se défendre s'il n'était plus ministre, parce que quand on n'est plus ministre à la sortie du bureau du juge, il y a une caméra. Quand on est ministre il y en a cent ». Eric Woerth, qui a conduit la réforme des retraites en tant que ministre du Travail, avait manifesté le jour même du remaniement ministériel, dimanche, son souhait de rester au gouvernement, du moins si le chef de l'Etat en décidait ainsi.

Sur les otages du Niger. Le président s'est dit « inquiet » pour les sept otages, dont cinq Français, enlevés en septembre au Niger et détenus au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et a prévenu que la France ne changerait pas sa politique « sous prétexte » qu'elle est menacée. « Ma recommandation formelle est de dire à nos compatriotes: 'n'allez pas dans cette région, les conditions de la sécurité ne sont pas réunies’», a ajouté le chef de l'Etat. Evoquant la situation des deux journalistes de FR3 enlevés en Afghanistan en décembre dernier, il a indiqué que leur situation était « complexe » mais pour ajouter qu'il était « un peu moins inquiet pour eux ».

Sarkozy annonce une réforme de la dépendance pour 2012. Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place en 2012 d'un système d'assurance-dépendance pour les personnes âgées. Il a précisé qu'il lancerait en 2011 une consultation, qui durerait six mois, avec les partenaires sociaux, les collectivités locales et les associations concernées sur ce dossier. « Nous prendrons les décisions à l'été 2011 à la suite de ce grand débat .»« Il y aura (...) dans le budget de la Sécurité sociale 2012 un système qui permettra d'apporter une réponse à l'angoisse de la dépendance», a dit le chef de l'Etat.

Taxe sur les transactions : « La France doit montrer l’exemple sur la taxation des transactions financières » pour financer le développement de l'Afrique, a déclaré président Nicolas Sarkozy, qui assure pour un an la présidence du G20. « Il est capital que le milliard d'habitants en Afrique ait les moyens de se développer. L'échec de l'Afrique sera le drame de l'Europe, notamment sur les problèmes migratoires », a-t-il justifié. 

Pour un nouveau système monétaire international contre la « pagaille ». Nicolas Sarkozy entendait profiter de la présidence française du G20 pour mener à bien la création d'un « nouveau système monétaire international » pour mettre fin à la « pagaille » sur le marché des changes. M. Sarkozy a confirmé que la Chine, acteur central du dossier, a donné son accord pour l'organisation, au printemps, d'un séminaire sur la question des monnaies, « pour essayer d'avancer ».

Création d’un impôt sur le patrimoine. Le gouvernement souhaite réformer le système fiscal de manière à taxer les revenus et plus-values du patrimoine. Cette réforme fiscale, qui, a-t-il confirmé, sera présentée au printemps 2011, supposera la suppression du bouclier fiscal, de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la création d'un impôt sur le patrimoine. « Il vaut mieux taxer les revenus du patrimoine et les plus-values du patrimoine, c'est l'angle, c'est l'axe de la réforme que nous allons, avec les ministres et le Premier ministre, engager », a déclaré Nicolas Sarkozy.

Sur l'emploi en France. Le chômage reculera l'an prochain parce que l'économie est en train de repartir et ce sera un « engagement total du gouvernement », a déclaré
Nicolas Sarkozy. « L'économie repart, est en train de repartir, on peut s'en sortir ». « On a les moyens de le faire, il n'y a pas de fatalité, je ne pense pas qu'on a tout essayé contre le chômage », a ajouté le chef de l'Etat. Il a indiqué qu'il comptait se battre sur le «front» du chômage des jeunes, notamment en développant la formation en alternance, dont bénéficient actuellement 600 000 jeunes et qui semble faire ses preuves.

Sur les journalistes et enquêtes sensibles : « Jamais, à aucun moment, d'aucune façon, je me préoccupe de près ou de loin, des téléphones, des lieux et des rencontres des journalistes français », a affirmé Nicolas Sarkozy.

Sa candidature pour la présidentielle de 2012. Le président a déclaré qu'il prendrait à l'automne 2011 la décision de se présenter ou non pour un second mandat de cinq ans à l'Elysée. A la question de savoir quand il se déciderait, il a répondu : « Je pense, quelque part à l'automne de l'année 2011 ». Son mandat de cinq ans s'achève au printemps 2012. « J'ai tellement conscience du ridicule de mon propre intérêt par rapport aux attentes de gens qui sortent à peine de la crise », a-t-il dit. « Les gens m'ont élu pour que je travaille jusqu'à la dernière minute, pas pour que je m'organise en fonction de mon propre calendrier dont les gens se moquent parfaitement et ils ont raison », a-t-il ajouté.

Des jurés populaires en correctionnelle. Nicolas Sarkozy a confirmé son intention de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels et annoncé son souhait de voir les juges d'application des peines épaulés par des civils quand ils se prononcent sur des libérations conditionnelles. Le chef de l'Etat, a indiqué qu'il demanderait au Premier ministre et au ministre de la Justice de mettre en œuvre une telle réforme qui permette de « rapprocher la justice des citoyens ». Les jurés populaires ne siègent actuellement que dans les cours d'assises pour juger des crimes, où ils sont neuf en première instance et douze en appel.

Nicolas Sarkozy et le Front national. Le président a exclu toute alliance avec le Front national - parti d’extrême droite - malgré l'arrivée probable à sa tête, en janvier prochain, de Marine Le Pen. Le profil de Marine Le Pen, actuelle vice-présidente du FN, est jugé plus consensuel que celui de son père. « Je respecte tout le monde, mais je ne crois pas une alliance possible avec le Front national, je n'y ai jamais cru », a déclaré le chef de l'Etat.

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