Renault et PSA remboursent l’Etat

Les deux constructeurs automobiles français PSA et Renault vont commencer à rembourser à l'Etat français le prêt qui leur a été accordé au plus fort de la crise, en 2009. C'est la bonne santé retrouvée de ce secteur qui leur permet ce remboursement anticipé. Sans même attendre 2011, date convenue pour commencer à rembourser le prêt consenti par l’Etat.

PSA et Renault vont restituer chacun 1 milliard d'euros sur les 3 milliards qui leur ont été consentis pour surmonter la crise. Dans le sillage des constructeurs américains General Motors et Ford touchés de plein fouet par la crise, les constructeurs français étaient en grand danger en 2009. Depuis la mi-2008 le secteur traversait une zone de turbulences. Les ventes de voitures avaient reculé de 7,9% en France en janvier 2009, après des chutes d’environ 15% en novembre et décembre.

Face à ce risque pour les 730 000 emplois directement liés à la production automobile et les 2,5 millions d’emplois concernés directement et indirectement par la filière automobile, l'Etat décidait d’intervenir en février 2009. Ainsi, en contrepartie d'engagement de maintien en France de sites de production, de sauvegarde de l’emploi, d’aide à la sous-traitance, 6 milliards d'euros étaient mis à la disposition de PSA et Renault, 3 milliards d’euros chacun, à un taux d'intérêt faible de 6%. Cette aide est intervenue au moment ou l'accès au crédit devenait à la fois rare et cher pour les entreprises.

Une bonne santé retrouvée

Peu avant, le gouvernement avait également instauré une prime à la casse pour inciter les Français à acheter un véhicule neuf et moins polluant. Fixée à 1000 puis 700 puis 500 euros, cette prime avait pour but le renouvellement du parc automobile français, conciliant soutien aux constructeurs et défense de l’environnement.

Depuis, cette facilité de crédit et les primes à la casse qui ont soutenu les ventes, ont permis aux deux constructeurs de renouer avec les bénéfices. Au premier semestre, PSA a enregistré un bénéfice net de 680 millions d’euros, alors qu’un an plus tôt, le constructeur accusait un milliard d’euros de pertes. Dans le même temps, Renault a réduit son déficit à 820 millions d’euros, contre plus de deux milliards et demi il y a un an.

Des financements moins coûteux que ceux octroyés par l'Etat

Les usines françaises ont même augmenté leur production du tiers au premier semestre. Du coup, PSA et Renault préfèrent rembourser leur emprunt par anticipation, afin de diminuer leur endettement et réduire les frais financiers liés au versement des intérêts. Selon les analystes, ce remboursement pourrait représenter une économie de frais financiers de plus de 20 millions d'euros pour les deux groupes.

L'agence de notation Fitch Ratings souligne qu’ils ont reconstitué leur trésorerie au cours des derniers mois : 7,4 milliards d'euros de liquidités pour Renault et 10,2 milliards pour PSA. Ils peuvent désormais trouver sur le marché des financements moins coûteux que ceux octroyés par l'Etat.

Prudence sur 2011

Cette décision de remboursement anticipé a bien été accueillie par la Bourse de Paris, où PSA et Renault progressaient en tête des valeurs du CAC 40. Les deux constructeurs français ont, théoriquement, jusqu'en 2014 pour rembourser, chacun, les 2 milliards restant de leur dette envers l'Etat.

Toutefois, la faiblesse de la reprise aux Etats-Unis, et la chasse aux niches fiscales en France, jointes à la fin de la prime à la casse, pourraient rendre la situation de l’automobile plus difficile d’ici à la fin de l’année, et plus encore en 2011.

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