La France balance entre soins et répression sur les toxicomanies

Une nouvelle polémique vient sortir la France de la torpeur de l'été. Elle concerne l'ouverture éventuelle de « salles de shooting », autrement dit, des espaces surveillés de consommation de drogue, comme il en existe déjà dans plusieurs pays d'Europe. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot s'y est dite favorable. Mais le Premier ministre François Fillon a affirmé mercredi 11 août 2010 qu'il n'était pas question d' accepter cela en France et que le sujet était clos. Pourtant, le débat continue d'agiter la majorité et le président du Sénat vient de proposer la création d'une mission parlementaire sur le sujet.

On avait laissé Roselyne Bachelot en Afrique du Sud, dans son rôle de « super-nanny » dépassée par la crise d'adolescence des footballeurs français. Et voilà que la ministre de la Santé revient à la politique pour défendre les salles de shoot, où les toxicomanes sont accueillis et conseillés, et retrouvent un semblant de socialisation.

Mais l'idée ne plaît pas du tout à François Fillon qui a sévèrement recadré sa ministre. « La priorité, écrit Matignon dans un communiqué, c'est de réduire la consommation, pas de l'accompagner voire de l'organiser ». On se souvient qu'en d'autres temps, d'autres ministres de la Santé, Michèle Barzach et Simone Veil, avaient dû batailler ferme pour imposer, au début des années sida, la vente libre des seringues, et plus tard la délivrance de produits de susbstitution aux drogues.

La question en fait est récurrente, depuis des années : les toxicomanes sont-ils des malades ou des délinquants ? Le débat divise la majorité. Le maire de Marseille, par exemple, soutient la ministre de la Santé, mais son collègue de l'Intérieur Brice Hortefeux la traite d'irresponsable. Il est vrai que la proposition libérale de Roselyne Bachelot, deux semaines après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, ne colle pas vraiment à l'air du temps sécuritaire.

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