Le Rossignol de Stravinski les pieds dans l'eau : du jamais vu dans le monde de l'opéra. L'idée vient du metteur en scène québécois Robert Lepage qui remet ainsi à jour des techniques ancestrales comme les ombres chinoises. « Je vais commencer par une image », dit le chef du festival d'Aix Bernard Foccroule, lui-même musicien, organiste et compositeur : « D'habitude dans une fosse d'orchestre il y a des musiciens. Dans ce cas-là, il y aura une immense piscine et je ne sais combien de dizaines de milliers de litres d'eau. Dans cette piscine en première partie, on aura simplement des reflets de l'eau et autour de la piscine un théâtre d'ombres et de fables animalières de Stravinsky et puis en deuxième partie, dans l'eau, des chanteurs, des marionnettes, des marionnettistes, également le rossignol et sur la scène où d'habitude on voit des chanteurs sera installé l'orchestre. »
Un retour, création mondiale d'Oscar Strasnoy
Autre événement phare de cette 62e édition du Festival d’Aix-en-Provence : la création mondiale d'Oscar Strasnoy : Un retour, d'après le roman d'Alberto Manguel. Tous deux Argentins vivant en France, ils évoquent les déchirements de l'exil. « C'est un ouvrage d'une très grande beauté, s’exclame Bernard Foccroulle, d'une très grande actualité, d'une très grande force émotionnelle et nous sommes très heureux de le présenter dans le contexte du Grand Saint-Jean qui est un site exceptionnel situé à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence, donc dans la nature. Cette création mondiale qui va durer une heure sera précédée de petites formes qui associent la danse avec Michel Noiret, la littérature avec Alberto Manguel - notamment les grands classiques Homère et Virgile et aussi des madrigaux, cette forme ancienne de musique vocale, en rapport avec cette thématique, notamment de Monteverdi. »
Une programmation qui affiche un dialogue des cultures
Deux grands classiques, un Don Giovanni de Mozart et une Alceste de Gluck, ouvrent la ronde du festival d'Aix. On y croisera également des personnalités aussi opposées comme la chorégraphe Trisha Brown et le chef William Christie, réunis pour la première fois dans une nouvelle production du Pygmalion de Rameau - une programmation qui affiche un dialogue des cultures. « Nous aurons un très bel hommage à Mahmoud Darwich par le musicien palestinien Monein Adwan qui habite Aix-en-Provence, explique Bernard Foccroulle. Nous aurons Jordi Savall qui nous emmènera à la rencontre des cultures méditerranéennes. Ce sont pour moi des rencontres qui ont du sens et que nous allons d'ailleurs prolonger dans les années à venir par des ateliers créatifs ; c'est-à-dire d'inviter des artistes qui ont de très profondes racines dans ces différentes cultures parfois très anciennes et populaires ou très savantes et de les inviter à se réunir pour créer aujourd'hui à partir de leurs traditions. »