Sans pour autant renoncer à sa cure d'abstinence médiatique, revoilà donc «l'omni-président», celui qui s'occupe de tout, du foot, des banlieues, des retraites en passant par le train de vie des ministres. Car cette semaine a été véritablement riche en énervement pour Nicolas Sarkozy, « exaspéré » -le mot est de l'un de ses conseillers-, par le comportement des Bleus en Afrique du Sud, leur incroyable mutinerie «désastreuse», estime-t-on à l'Elysée pour l'image de la France dans le monde.
Un président également atterré par l'avalanche de mini scandales au gouvernement alors que les Français sont eux invités à se serrer la ceinture. «Trop c'est trop» pour le chef de l'Etat -déjà au plus bas dans les sondages-, et qui redoute plus que tout que ces évènements ne conduise à une remontée du Front National. «Quand je ne m'occupe pas de tout, rien ne va» se plaît à répéter Nicolas Sarkozy qui a donc décidé de frapper du poing sur la table.
L'heure de la reprise en main a sonné
Reprise en main des Bleus avec -la réception de Thierry Henry – jeudi 24 juin à l'Elysée et l'annonce d'Etats généraux du football en octobre prochain... La reconstruction du football français sera dorénavant un chantier présidentiel. Reprise en main également –musclée- du gouvernement après l'affaire des cigares de Christian Blanc, du permis de construire d'Alain Joyandet secrétaire d’Etat à la Coopération, ou bien encore de la mission chèrement payée à Christine Boutin. Les ministres vont devoir à leur tour passer par une cure d'austérité et se montrer « exemplaires ». Nicolas Sarkozy a ainsi demandé à François Fillon de préparer des mesures d'économies draconiennes. Le président menacerait même de faire l'économie de certains ministres. Ira-t-il jusque là ? Réponse la semaine prochaine.
En attendant, la seule mesure déjà annoncée est l'annulation de la Garden Party de l’Elysée, une mesure symbolique sinon démagogique, comme le dénonce l'opposition. Il n’est pas certain que la «République irréprochable» se contente de si peu.
Deux dossiers potentiellement explosifs : la réforme des retraites et la mise en cause de celui qui la conduit Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt
Sur ce dossier, pas question de frapper du poing sur la table, la prudence est de mise alors que le président mesure les risques d'une explosion sociale à la rentrée. Pour autant, pour l'heure et malgré la mobilisation réussie jeudi 24 juin en France, il n'entend pas reculer sur cette réforme -et notamment sur la retraite à 62 ans-. Mais il laisse la porte ouverte à de possibles évolutions notamment sur la pénibilité. Est-ce que Eric Woerth pourra conduire cette périlleuse réforme jusqu'au bout ? Mis en cause pour «conflit d'intérêt» dans l'affaire Bettencourt, le ministre a désormais une épée de Damoclès au dessus de la tête, et ça c'est un vrai souci pour le président Sarkozy.