De notre correspondante à Istanbul
En déployant, à partir de début janvier, plusieurs dizaines de soldats en Libye, Recep Tayyip Erdogan a mis en pratique l’un des deux accords conclus fin novembre avec le Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli. Le président turc attend désormais que soit appliqué l’autre accord signé le même jour. Un accord de délimitation maritime, perçu comme une condition et une justification du soutien militaire de la Turquie au GNA.
Cet accord controversé permet à Ankara de revendiquer des droits sur des zones de la Méditerranée orientale riches en hydrocarbures. Il est vivement contesté par d’autres pays régionaux, notamment la Grèce, Chypre, l’Égypte et Israël. Recep Tayyip Erdogan entend pourtant envoyer « dès que possible » des navires dans cette zone pour y effectuer des forages, au risque d'aggraver les tensions.
Le président turc soutient que son accord avec Tripoli mettrait dans l’illégalité les pays qui voudraient « faire des explorations, des forages ou faire passer un gazoduc dans la zone située entre les plateaux continentaux de la Turquie et de la Libye sans leur aval ». Une référence claire au projet de gazoduc EastMed, qui vise à exporter vers la Grèce, puis vers le reste de l’Europe, du gaz extrait au large de Chypre et d’Israël.