Recevant le prix Sakharov, Oleg Sentsov appelle à se méfier la Russie

Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, lauréat du prix Sakharov 2018, est venu à Strasbourg recevoir la récompense des mains du président du Parlement. Il a appelé les députés européens à se méfier de la Russie.

Avec notre envoyée spéciale à Strasbourg, Juliette Gheerbrant

Le cinéaste Oleg Sentsov a reçu en mains propres le prix Sakharov des droits de l'homme, qui lui avait été attribué par le Parlement européen, en 2018, alors qu'il était encore en prison.

Avant de l’écouter, les députés ont pu regarder des images de son incarcération qui le montrent pâle et amaigri, des images aussi des manifestations de soutien. Un soutien pour lequel il a remercié les Européens et leurs élus. L’Europe, malgré ses problèmes, a-t-il précisé, reste un exemple.

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« Le pays le plus euro-optimiste au monde c’est l’Ukraine parce que nous ne voyons pas d’autre modèle de développement, nous ne pourrons pas survivre comme pays autrement que sur la voix européenne », a dit le cinéaste.

Ne pas céder à Vladimir Poutine

Oleg Sentsov a donc appelé les députés à ne pas céder à Vladimir Poutine qui veut, explique-t-il, diriger l’Europe comme il l’entend.

« C’est pourquoi chaque fois que l’un de vous songe à tendre une main amicale à Poutine en passant par-dessus nos têtes, pensez aux centaines de jeunes Ukrainiens qui se trouvent en prison et peut-être subissent des tortures à l’heure où je vous parle, a dit le cinéaste. Pensez aux tatars de Crimée qui sont arrêtés en ce moment même et dont les foyers sont perquisitionnés, à nos jeunes dans les tranchées qui risquent leur vie pour notre liberté, votre liberté. »

Le président du Parlement, David Sassoli, a rendu hommage au courage d’Oleg Sentsov. Il a rappelé que d’autres récipiendaires du prix Sakharov étaient toujours incarcérés, et il a appelé à leur libération, citant notamment l’Iranienne Nasrin Sotoudeh, libérée puis à nouveau incarcérée et condamnée à 38 ans de prison.

Condamné à 20 ans de prison par la Russie pour « avoir préparé des attentats terroristes » contre le pouvoir russe en place en Crimée, dans ce qu'Amnesty International a qualifié de « procès inéquitable devant un tribunal militaire », Oleg Sentsov n'a été libéré qu'en septembre dernier suite à un échange de prisonniers entre les pouvoirs ukrainien et russe.

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