Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
« Ceux qui parlent de signal d’alarme quand un terroriste tue des innocents à Halle n’ont pas compris la gravité de la situation. Ce à quoi nous assistons est une catastrophe et pas un signal d’alarme », harangue un orateur sous les applaudissements.
Les manifestants voulaient d’abord montrer leur solidarité avec les victimes de Halle, et dénoncer aussi le racisme et l’antisémitisme. Mais les critiques, voire la colère contre les responsables politiques, sont sous-jacentes. Les orateurs ne veulent plus se satisfaire de phrases creuses,mais exigent des mesures efficaces pour lutter contre l’antisémitisme et ses causes. Beaucoup ont le sentiment que le danger n’a pas été suffisamment pris au sérieux pendant longtemps.
Ils étaient 13 000 ce dimanche à Berlin d’après les organisateurs, la moitié d’après la police, à être descendus dans la rue quatre jours après l’attentat de Halle. « On est tous concernés par ce problème : les juifs, les arabes, toutes les minorités, explique un manifestant. On s'est dit qu'on ne pouvait pas ne pas venir. »
L'AfD « bras politique de l'extrémisme radical »
Les manifestants dénoncent, comme certains responsables politiques, le fait que le succès du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) libère la parole. Ce dimanche matin, la présidente de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer a ainsi qualifié le parti de « bras politique de l’extrémisme radical ».
« Avec le parti de l'AfD, c'est plutôt que les gens pensent qu'ils peuvent dire des choses qu'ils n'osaient pas dire avant et passer à l'action aussi, confie un autre manifestant. Voilà ce qui a changé, je le vois bien. »
A Halle, une manifestation a aussi eu lieu ce dimanche. D’autres ont été organisées depuis mercredi dans de nombreuses villes allemandes.
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