Avec notre envoyée spéciale à Londres, Aabla Jounaïdi
Tilbury, troisième port du Royaume-Uni. Son histoire est glorieuse et il a donné du travail à plusieurs générations sur ses quais ou son chemin de fer. Tony Gothard, promoteur immobilier de 70 ans, a bien connu cette époque. Mais les centaines d’embauches promises avec le projet Tilbury 2, il a du mal à y croire.
« C’est ce qu’on appelle des foutaises. Ils disent partout qu’il va y avoir plein d’emplois, mais les conditions sont si précaires, que seuls des travailleurs d’Europe de l’Est les accepteraient. Sur ces chantiers, il n’y a quasiment que des travailleurs détachés. J’ai connu un temps où l’on vivait bien de son travail ici. Mais beaucoup de grands groupes ne veulent pas des salaires décents. »
C’est le cas d’Amazon, qui a installé il y a peu ses énormes hangars en ville. Chola Osagie n’a pas répondu aux offres d’emplois. La jeune-femme d’origine nigériane préfère encore passer 3h dans les transports pour travailler à Londres où elle est couturière.
« Il n’y a pas de comparaison avec Londres, dit-elle, Il y a du travail ici. Mais ça ne paye pas bien. Enfin, on ne nous propose jamais assez d’heures pour gagner suffisamment d’argent. »
Dans cette cité-dortoir, le contexte économique a largement inspiré les votes en 2016. Plus de 70% se sont prononcés pour le Brexit.
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