Dans le collimateur des protestataires : la décision controversée prise cette semaine par Boris Johnson de suspendre le Parlement de la deuxième semaine de septembre jusqu'au 14 octobre, dans la dernière ligne droite avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, rapporte notre correspondante à Londres, Marina Daras.
Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale. Le rassemblement était national et a eu lieu dans 32 villes du Royaume-Uni. Mais à Londres, la tension était à son comble depuis que Boris Johnson a annoncé la suspension du Parlement.
« Démocratie bafouée »
Sur les pancartes des manifestants on parlait de « démocratie bafouée », de « coup d’État » et d’un Premier ministre qui ne respecte pas son pays. Pour les Britanniques - qui avant le Brexit, n’avaient pas vraiment pour habitude de descendre dans la rue - cette suspension du Parlement est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
« Je suis venue avec mon fils aujourd'hui parce que je me bats pour son avenir, dit une manifestante. Pour moi, il s'agit de rester dans l'Union européenne, mais aussi de veiller à ne pas laisser les voix extrémistes prendre le dessus sur le Parlement et, surtout, sur le peuple, car les parlementaires sont notre voix. Ce ne sont pas les parlementaires qu’ils réduisent au silence, c’est nous qu’ils font taire, nous les citoyens de ce pays. »
« J'ai l'impression que nous touchons presque du doigt la fin de la démocratie britannique en ce moment, poursuit un jeune homme. J'ai l'impression que Boris Johnson fait peu de cas de nos institutions politiques et si nous ne faisons rien maintenant, nous nous dirigerons lentement vers un système fasciste, et je sais que cela semble extrême, mais les temps sont devenus extrêmes et cela s'est construit petit à petit au cours des dernières années et aujourd'hui je me suis senti obligé de venir. »
Pour beaucoup de manifestants, c’était la première fois qu’ils descendaient dans la rue. Pour eux, le gouvernement est allé beaucoup trop loin pour rester inactif.
« Je suis venue ici aujourd'hui et j'ai pensé qu'en fait, pour les huit prochaines semaines, jusqu'au 31 octobre, je serai ici tous les week-ends parce que c'est la seule façon de nous faire entendre tous », confie une autre manifestante.
Désobéissance civile
Mais aujourd’hui, on ne parle plus tant du Brexit que de sauver la démocratie. Certains mouvements de gauche appellent même à des actions de désobéissance civile. Ils veulent bloquer les ponts et les routes pour faire passer un message fort au gouvernement Johnson.
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