Une démission fait ce jeudi 29 août du bruit. Populaire et pro-européenne, Ruth Davidson, la responsable du parti conservateur en Écosse évoque dans sa lettre de démission, « le conflit » qu’elle a « ressenti sur le Brexit ».
Dans les rangs du parti conservateur, nombreuses sont les figures modérées à dénoncer le geste de Boris Johnson.
Le défi de la rébellion
Des états d'âme qui font sourire au gouvernement où l’on persiste et signe sur le bras de fer entamé, le porte-parole Jacob Rees Mog, figure des Ultra Brexiter les a tous mis au défi ce matin sur la BBC : « Tous ces gens qui pleurnichent ou grincent des dents savent qu’il y a deux moyens de parvenir à leurs fins : le premier est de changer de gouvernement et le deuxième est de changer la loi ».
Autrement dit, dans ce parti où la loyauté est une valeur cardinale, les conservateurs modérés sont mis au défi de voter une éventuelle motion de défiance la semaine prochaine.
L’équipe de Boris Johnson a déjà prévu la parade et le fait savoir anonymement dans le journal The Financial Times : une dissolution du Parlement suivie élections générales entre le 1er et le 5 novembre. Autrement dit, censurez-nous et vous aurez une sortie de l’Union européenne le 31 octobre sans même avoir votre mot à dire et un scrutin que le Premier ministre se sent visiblement aujourd’hui assez fort pour l’emporter.
À la une de la presse britannique
D’ailleurs, Boris Johnson et sa décision de suspendre le Parlement pendant cinq semaines bloquant ainsi l’opposition dans ses plans pour contre carrer un « no deal » sont à la Une de toute la presse britannique ce jeudi, rapporte notre correspondante à Londres Élodie Goulesque.
Impossible d’échapper à la tête blonde de Boris Johnson ! Le Daily Mail consacre dix pages au sujet avec en Une une photo de Boris Johnson, les poings levés comme un boxeur et le titre « Boris ne prend plus de gants ».
Du côté du Sun, l’emblématique tabloïd anglais, c’est la même photo qui décrit cette fois un « Boris qui en a et qui se bat ». Mais les journaux plus traditionnels comme le Times s’emparent également du sujet, « Johnson tente le tout pour le tout » titre le quotidien conservateur et propose un long article où des sources de Downing Street explique que les plus proches collaborateurs du Premier ministre sont déjà en train de s’organiser pour savoir comment être légalement capable d’ignorer un vote de défiance.
Velléité indépendantiste en Écosse
Plus à gauche, le Guardian dévoile comment s’organise l’opposition qui dès hier selon le quotidien, préparait une législation pour forcer Boris Johnson à demander une extension du Brexit. Enfin en Écosse, le quotidien The National parle de la démission de la chef du parti conservateur écossais Ruth Davidson et titre en s’adressant directement à elle « Si vous ne pouvez pas travailler avec lui, pourquoi l’Écosse le devrait-elle ? » relançant ainsi la question de l’indépendance.
■ Plus d’un million de signatures contre la suspension du Parlement
Une pétition contre la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement jusqu'à deux semaines avant la date du Brexit a dépassé jeudi matin les 1,3 million de signatures, sur le site du Parlement dédié à ces initiatives.
Le texte exige que « le Parlement ne soit ni suspendu ni dissous à moins que et jusqu'à ce que » le Brexit ait été reporté ou annulé.
Au Royaume-Uni, toute pétition atteignant 100 000 signatures peut déclencher l'ouverture d'un débat parlementaire.
Plusieurs centaines de personnes se sont aussi rassemblées mercredi devant le Parlement en scandant « Arrêtez le coup d'Etat » et en brandissant le drapeau européen, puis à Downing Street où est installé le Premier ministre.