On dit d'elle que son carnet d'adresses, notamment européen, est bien fourni. La haute fonctionnaire et femme politique centriste Sylvie Goulard, 54 ans, est la candidate officielle de la France pour intégrer la future Commission européenne censée entrer en fonction le 1er novembre, a annoncé l'Élysée ce mercredi.
Née le 6 décembre 1964 à Marseille, dans une famille d'origine italienne, Sylvie Goulard connait en tout cas très bien les arcanes de l'UE. Dans « un moment crucial pour l'Europe », elle pourra faire valoir son « expérience et européenne reconnue » et sa capacité à « jouer un rôle moteur », selon Paris.
Mme Goulard a en effet été conseillère politique du président de la Commission Romano Prodi, entre entre 2001 et 2004. Elle a ensuite été élue au Parlement européen en 2009, réélue en 2014. Énarque, elle a débuté en 1989 au Quai d'Orsay, dans l'équipe chargée du dossier de la réunification de l'Allemagne.
Par ailleurs ancienne enseignante au Collège d'Europe à Bruges, en Belgique, la candidate d'Emmanuel Macron aime à répéter qu'elle n'est pas « une potiche ». Elle fut l'une des députées les plus en vue du groupe libéral de l'époque, l'ALDE, ancêtre du groupe Renaissance aujourd'hui dominé par les eurodéputés LREM.
Quel poste pour la France dans la Commission ?
Éphémère ministre des Armées pendant un mois, en 2017, elle avait dû céder sa place à Florence Parly en raison des soupçons d'emplois fictifs frappant son parti, le MoDem, au Parlement de Strasbourg. À cette période, elle a quitté le mouvement fondé par François Bayrou, lui aussi démissionnaire du gouvernement.
« Je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi », avait-elle alors expliqué. Cette affaire a donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire, qui dure désormais depuis deux ans. Mais Mme Goulard n'a jusqu'à présent pas été mise en examen, ni même convoquée par la justice pour s'expliquer.
La future dirigeante de la Commission, l'Allemande Ursula von der Leyen, doit désormais accepter ou non les dossiers soumis par les États membres puis attribuer aux candidats retenus un portefeuille, lié à une thématique d'action. Mme Goulard aura prochainement un entretien avec Mme von der Leyen.
Le portefeuille qu'occupera Sylvie Goulard, décrite comme une excellente germaniste, mais qui parle également couramment l'anglais et l'italien en plus du français, n'est pas encore déterminé. La présidente de la Commission n'a débuté ses entretiens avec les candidats des 27 capitales que cette semaine.
La France a livré le nom de sa candidate avec retard ; la date limite était fixée au 26 août. Paris souhaiterait, pour prendre la relève du socialiste Pierre Moscovici, obtenir dans la nouvelle Commission un portefeuille fidèle à ses priorités politiques. On parle d'un poste centré sur l'économie, le commerce ou l'environnement.
Partisante d'une renaissance de l'Europe politique
Cette candidature macroniste ne plait pas a tout le monde à Paris et Strasbourg. Son poste de « conseiller spécial » pour un think tank américain, pour une rémunération supérieure à 10 000 euros par mois, alors que Sylvie Goulard était encore députée européenne, avait par le passé suscité un début de polémique.
« Grosse gêne ! Ce qui l'empêche d'être ministre en France est négligeable à l'échelle européenne ! », a réagi l'eurodéputé écologiste français Yannick Jadot dans un tweet, tandis que la délégation française des socialistes européens regrette un choix allant « à contre-courant de l'évolution de la Commission ».
Sylvie Goulard aurait une image d'austérité économique aux yeux des socialistes, relate notre correspondante à Strasbourg, Laxmi Lota. Par ailleurs, au Parlement européen, sa tentative avortée de briguer en 2016 la présidence de l'hémicycle contre le patron de son groupe, Guy Verhofstadt, lui aurait valu quelques inimitiés.
À noter que Mme Goulard est une proche de l'ancien Premier ministre italien Mario Monti, avec qui elle a co-signé un livre plaidant notamment pour la renaissance d'une Europe politique. « Refonder » l'UE, c'est peu ou proue l'ambition du président français Emmanuel Macron, lui aussi européen convaincu.
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