«Open Arms»: le coup de colère du maire de Lampedusa

Les tribulations dramatiques de l'Open Arms en Méditerranée ont pris fin ce mardi soir 20 août avec son accostage à Lampedusa, après 19 jours d'errance dans l'attente d'un port d'accueil, alors même que plusieurs pays européens ont accepté d'accueillir les migrants présents à bord. Un peu plus tôt dans la journée, le président du conseil italien Giuseppe Conte a présenté sa démission, acceptée par le président Sergio Mattarella. Dans ce contexte inédit de crise nationale et européenne, Salvatore Martello, édile de cette petite ville sicilienne au coeur du phénomène migratoire depuis plus de six ans, se confie à RFI.

Salvatore Martello dénonce un « climat de rage » en Italie

« Aujourd’hui en Italie, il se développe un climat de tension, de rage et même d’affrontement qui ne permet plus d’avoir un débat dans des conditions démocratiques. Dès qu’il est plus ou moins question d’immigration, on voit sortir les bataillons de contrefeux qui veulent éteindre toute discussion », regrette Salvatore Martello au micro de notre envoyée spéciale à Lampedusa, Juliette Gheerbrant.

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La « large responsabilité » de l'UE

« Or, poursuit l'élu, comme c’est un problème qui concerne le monde entier, pas seulement l’Italie, il serait judicieux de s’asseoir tous autour de la table pour trouver le moyen de prendre des décisions communes, dans les règles. L’Union européenne porte une large responsabilité c’est sûr, mais aussi les pays directement concernés. Je pense au discours de l’Espagne, l’autre jour : on ne peut pas dire à l'Open Arms au bout de 19 jours : "je vous offre un port de débarquement". Il fallait y penser avant. Après 19 jours en mer, j’aimerais bien savoir comment on peut dire à l’équipage, "allez ! partez pour le détroit de Gibraltar, accompagnez-y ces migrants" - migrants qui d’après moi se trouvent par ailleurs très mal à bord du navire. »

Le maire réagit également à la fermeture des ports dont Matteo Salvini a fait son principal argument politique : c'est faux, dit-il.

« Le problème de l'immigration n'est pas résolu »

« Il faut mettre une chose au clair. Quand il y a un navire d’ONG qui arrive, tout le monde parle de l’immigration, des débarquements, des personnes qui doivent venir en Italie - à Lampedusa ou ailleurs. Mais personne ne remarque que pendant qu’on bloque un navire, dans le même temps des bateaux arrivent directement dans le port de Lampedusa, avec parfois à bord plus de migrants que sur les navires des ONG. Alors évidemment, on peut se poser une question : excusez-moi mais le port, il est fermé ou il est ouvert ? Pour nous, puisque les bateaux arrivent de façon autonome, c'est qu'il est ouvert. Mais dans l’imaginaire collectif aujourd’hui en Italie, les gens sont convaincus que plus personne n'arrive, que l’immigration, c’est terminé et que le seul problème ce sont les ONG qui portent secours aux gens en mer. Il faut dire aux gens que le problème de l’immigration n’est pas résolu, que les ports sont ouverts et que la guerre médiatique de certains vise exclusivement les ONG. »

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