Les Grecs votent pour les législatives anticipées, les conservateurs favoris

Les Grecs sont appelés aux urnes ce dimanche dans le cadre des élections législatives anticipées. Au pouvoir depuis 2015, Alexis Tsipras et son parti risquent de devoir passer la main, dans un pays où la dette est toujours très importante.

Les bureaux de vote ont ouvert pour un scrutin qui devrait voir le retour de la droite au pouvoir, rapporte notre correspondante à Athènes, Charlotte Stievenard. Certains sondages donnent plus de 10 points d’avance au parti d’opposition, les conservateurs de la Nouvelle démocratie. Menés par leur leader Kyriakos Mitsotakis, ils pourraient obtenir plus de 30 % des voix.

Pour les Grecs c’est un retour aux sources puisque cet homme de 51 ans est issu d’une des plus vieilles familles politiques de Grèce. Son père et sa sœur ont été respectivement Premiers ministre et maire d’Athènes. Et sa formation politique a alterné au pouvoir en Grèce pendant 45 ans avec les socialistes du Pasok, jusqu’à l’arrivée de la crise et des mémorandums qui ont amené Syriza au pouvoir, élu sur un programme anti-austérité il y a quatre ans.

Des électeurs peu enthousiastes

Alors que la Grèce est sortie des plans d’aide l’année dernière, alors qu’Alexis Tsipras a perdu son aura de « sauveur » après la signature d’un troisième mémorandum, les Grecs semblent donc vouloir se tourner à nouveau vers la tradition et un programme aux accents sécuritaires et plus tournés vers les investissements et la classe moyenne.

Sans pour autant se précipiter aux urnes : à 9h, heure locale (6h TU) c'était loin d'être la grande affluence, rapporte notre envoyée spéciale à Athènes, Anastasia Becchio, depuis un bureau de vote d'un quartier conservateur, où quelques poignées seulement de bulletins de vote étaient visibles dans les urnes transparentes.

Un couple de retraités y est venu voter pour la Nouvelle démocratie, qui a d'après eux « appris de [ses] erreurs ». Même son de cloche pour Maria, travailleuse indépendante. Elle avait pourtant cru en Alexis Tsipras en 2015, mais le Premier ministre sortant « a littéralement écrasé les classes moyennes sous les taxes ». Alors cette fois elle vote pour les conservateurs, pour « voir si ça sera mieux », même si elle « n’y croit pas trop ».

« Tsipras c’était un mythe » renchérit Dimitra, une autre électrice de la Nouvelle démocratie, « c’était un gouvernement à la philosophie de gauche qui n’a pas soutenu les Grecs, on s’est appauvri avec eux, ils ne savent pas comment s’y prendre, ils sont immatures ».

Investissements, productivité et sécurité

Quoi qu’il en soit, le futur gouvernement devra « relancer l’appareil productif », estime Gabriel Colletis, professeur de sciences économiques à l’Université de Toulouse 1. A ses yeux, le principal souci de la Grèce n’est « pas un problème de déficit public » mais sa dépendance à l’importation. « La balance commerciale de la Grèce est extrêmement  déficitaire parce que la Grèce exporte relativement peu et quand elle exporte, elle exporte des produits à faible valeur ajoutée, par contre elle importe pratiquement tout ce dont elle a besoin », argue cet universitaire.

Il estime que le pays hellène a avant tout besoin de « développer sa propre économie » pour relancer la création d’emplois, « non pas un emploi de mauvaise qualité, mais un emploi correspondant à ces nouvelles activités productives ».

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