Législatives en Grèce: le retour des dynasties politiques plane sur le scrutin

La Grèce vote dimanche 7 juillet pour les élections législatives anticipées. La campagne est désormais terminée. Les derniers sondages placent Syriza à une dizaine de points derrière la Nouvelle démocratie et son chef Kyriakos Mitsotakis. S’il devient Premier ministre, il retrouvera la place qu’avait dans le passé occupé son père. Après l’expérience Syriza, la Grèce s’apprête à renouer avec les grandes dynasties politiques au pouvoir.

Avec notre envoyée spéciale à AthènesAnastasia Becchio

Dans le centre-ville animé d’Athènes, Kostas s’est installé à la terrasse d’un café à l’ombre pour échapper un peu à la chaleur. Cet enseignant a voté Syriza en 2015 et il recommencera demain. La victoire annoncée de la Nouvelle démocratie l’inquiète. « C’est pas le parti de la classe populaire, le parti des riches. Il nous a amenés dans la situation difficile que nous vivons ces dernières années. C’est le parti de la corruption, c’est le parti des dynasties politiques. »

Kyriakos Mitsotakis, le chef de la Nouvelle démocratie est le fils d’une figure emblématique de la droite grecque, l’ancien Premier ministre Konstantinos Mitsotakis. Sa sœur a été maire d’Athènes et son neveu, le deviendra en septembre.

Le retour des dynasties politiques ne constitue pas un épouvantail pour la plupart des Grecs, explique Manos Papazopoulos, professeur de Sciences politiques à l’université du Péloponèse.

« Pour les Grecs, la famille est centrale, la famille au sens large du terme. Nous lui accordons beaucoup d’importance. Nous avons au moins trois grandes familles politiques : Papandréou, Mitsotakis et Caramanlis. Si vous regardez les noms des Premiers ministres de ces 30 dernières années, à deux ou trois exceptions près, tous étaient issus de l’une de ces trois grandes familles. »

Dernière exception en date : l’actuel Premier ministre Alexis Tsipras.


Tsipras risque de payer des résultats économiques mitigés

Voilà un an que laGrèce est sortie du dernier plan d’aide, mené depuis huit années sous la houlette du FMI et de l'UE. Du point de vue macro-économique, cela va mieux. Le déficit qui affectait le budget de l'État grec pendant des années a disparu. C'est désormais un surplus budgétaire primaire que connaît le pays.

Le taux de chômage, lui, a baissé de 7,5 points depuis 2015. Fini la récession, la croissance a été positive en 2018 (2%) et même si elle sera moindre que prévu, elle frôle toujours les 2% cette année, propulsée par la consommation intérieure.

Mais tous ces résultats ont été obtenus au prix de sévères réformes qui ont creusé les inégalités et entraîné l'émigration de toute une génération de jeunes Grecs. Le chômage concerne encore 40% d'entre eux.

Une partie des jeunes se sont détournés des promesses de réformes radicales de Syriza et pourraient même ne pas aller voter ce dimanche.
RFI

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