Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Prières et hommages appuyés, jusqu’au sommet de l’État : la mort de Mohamed Morsi fait beaucoup parler en Turquie, pays qui avait soutenu jusqu’au bout le régime de l’ancien président égyptien et n’a cessé de dénoncer le coup d’État qui l’a renversé.
Le chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué la mémoire d’un « martyr », de son « frère » dont il a estimé que la mort n’était pas « normale ». Il en a profité pour dénoncer les pays occidentaux qui entretiennent des relations avec le régime de l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi. Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, les relations entre la Turquie et l’Égypte sont quasiment inexistantes, et Recep Tayyip Erdogan n’a jamais rencontré Abdel Fattah al-Sissi, qu’il juge illégitime.
Le décès de Mohamed Morsi ne fournit pas seulement au président turc l’occasion de s’en prendre une fois de plus aux Occidentaux. Il lui sert aussi d’argument dans la campagne pour l’élection municipale de ce dimanche à Istanbul, qui intervient deux mois après l’annulation d’un premier scrutin perdu par le parti du chef de l’État. Ne craignant aucun raccourci, Recep Tayyip Erdogan a jugé que cette municipale se jouerait entre ceux qui soutiennent les coups d’État et ceux qui les opposent.