Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Matteo Salvini qui est retourné sur le terrain à Potenza, ville du sud de l’Italie, pour soutenir le candidat maire de la Ligue, en ballottage avec le candidat d’une liste civique, a profité des caméras pour lancer un message très piquant à Bruxelles qui se prononcera le 5 juin sur la réponse de Rome à ses interrogations sur l’état alarmant des comptes publics.
« Je dirai à Bruxelles la semaine prochaine : « laissez-nous faire ce que demandent les Italiens ; moins d’impôts, et plus d’emplois ». Et si on nous dit non, nous verrons bien qui a la tête la plus dure. ».
Le ministre de l’Économie, Giovanni Tria, propose d’une part un programme global de révision des dépenses pour réduire la dette publique qui atteint 132% du PIB. Et, d’autre part, une réforme fiscale visant à introduire un impôt à taux unique de 15% pour relancer la croissance.
Mais cette réforme, fortement voulue par le patron de la Ligue, ne correspond certainement pas aux attentes de la Commission européenne.
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Rome aura du mal à tenir ses promesses
Le gouvernement italien promet à Bruxelles de ramener le déficit budgétaire en dessous de 2,4% du PIB dès cette année. Mais avec une croissance atone et la promesse d’une baisse importante des impôts, Rome aura du mal à convaincre la Commission européenne, estime l’économiste italien Stefano Vignoli
« En l’état actuel avec une croissance proche de zéro et avec une dette très importante qui dépasse 132%, on a des promesses de baisses d’impôts ultérieures qui se chiffrent à environ 12 milliards d’euros. Tout cela effectivement ne nous permettra pas d’atteindre le niveau demandé par la communauté européenne. »
À ces facteurs s’ajoute le ralentissement économique mondial : « S’il y a un ralentissement économique mondial, il y a aussi un ralentissement en Italie, et donc effectivement moins de possibilités de pouvoir jouer sur la baisse des impôts pour relancer l’économie. »
L’Italie risque désormais l'ouverture d'une « procédure pour déficit excessif » et qui pourrait aboutir à terme à des sanctions allant jusqu'à 3 milliards d'euros.