Ils l'avaient baptisée « La lumière de l'espoir ». Pour les dirigeants de l’opposition albanaise, la manifestation de ce samedi devait être la plus grande jamais organisée dans le pays depuis les années 1990 et l’avènement du pluralisme. Pendant environ trois heures, l’ensemble de l’opposition a manifesté devant le boulevard Dëshmorët e Kombit, la principale artère de la capitale Tirana. Éclairés à la lumière de leurs téléphones portables, les protestataires ont scandé : « Rama, va-t’en ».
Depuis le mois de février, des manifestations sont régulièrement organisées dans le pays pour réclamer le départ du Premier ministre socialiste Edi Rama et des législatives anticipées. Des manifestations largement marquées par des violences. Ce samedi, la délégation de l’Union européenne en Albanie ainsi que des responsables de l’opposition et les autorités albanaises ont appelé à un rassemblement pacifique. Dénonçant sur son compte Facebook « la violence et la destruction », l'ambassade des États-Unis à Tirana a également appelé « toutes les parties » à faire preuve de « retenue ». Leur appel a, semble-t-il, été entendu.
Pour la première fois ce samedi, aucun incident ou confrontation avec la police n’a été enregistré.
Le Premier ministre Edi Rama s'était empressé pendant la journée d'inviter son adversaire politique, le dirigeant du Parti démocratique, Lulzim Basha, à la table du dialogue. Mais ce dernier était déterminé à poursuivre la contestation. Le « mouvement se poursuivra jusqu'au renversement du régime et la formation d'un gouvernement technique chargé d'organiser des législatives anticipées », avait-il promis.
C’est dans ce contexte tendu que le président de la République, Ilir Meta, avait déclaré la veille être prêt à repousser les élections municipales, prévues le 30 juin, en appelant les parties à faire preuve de davantage de responsabilité et à donner la priorité aux intérêts nationaux du pays.
La vie politique albanaise est empreinte d'une très grande violence verbale, droite et gauche échangeant insultes et accusations de corruption ou de liens avec le crime organisé. L'Albanie espère ouvrir cette année des négociations d'adhésion à l'Union européenne, mais ce pays de plus de 2,8 millions d'habitants est invité à faire des progrès dans la lutte contre le crime organisé et la corruption.