Lorsqu’elle prend les rênes du gouvernement en remplacement de David Cameron, 20 jours après le référendum de sortie de l’Union européenne, Theresa May se retrouve d’entrée de jeu dans une position inconfortable. Elle qui a milité pour le maintien dans l’UE, doit se muer en militante d’un divorce radical avec l’Union européenne sous la pression de l’aile la plus eurosceptique de son parti.
Theresa May tente de faire en sorte que le Royaume-Uni ne dépende plus de la politique commerciale européenne tout en conservant un accès privilégié au marché unique.
Impossible, lui rétorquent les Européens qui finissent par se lasser de ses atermoiements et l’affublent du surnom de Theresa « May be »,- « peut-être ».
Pour avoir une meilleure main dans ses négociations, elle convoque des élections législatives anticipées. Mais les conservateurs perdent leur majorité absolue et se retrouvent dépendants des 10 élus du DUP, le parti unioniste nord-irlandais.
L'accord qu'elle a négocié avec Bruxelles estrejeté à trois reprises par les députés. À chaque fois, la Première ministre encaisse, mais ne cède pas.
Obnubilée par la cohésion de son parti pourtant très divisé entre les partisans d’un Brexit dur, ceux qui militent pour une union douanière et ceux qui espèrent encore rester dans l’UE, Theresa May finit par s’aliéner un grand nombre de ses soutiens. Elle a déjà vu partir une trentaine de membres de son gouvernement.
► Les scénarios qui attendent Theresa May
Avec notre envoyée spéciale à Londres, Béatrice Leveillé
En présentant son plan de la dernière chance pour faire approuver début juin par le Parlement l’accord qu’elle a négocié avec l’Union européenne, Theresa May ne pensait pas que c’était son propre avenir qui était en jeu.
Elle rencontre ce vendredi Sir Graham Brady, président du comité 1922, une institution au sein du parti conservateur qui a tenu mercredi dernier un scrutin pour changer les règles du parti et permettre un nouveau vote de défiance contre la Première ministre, au cas où elle n’accepterait pas de quitter ses fonctions de dirigeante du parti conservateur.
Selon les règles actuelles, elle ne peut pas être démise de ses fonctions avant le mois de décembre, car elle a déjà survécu à un vote de défiance en décembre dernier. Le parti qui devrait faire un score catastrophique dans les urnes aux élections européennes - mais dont on ne connaîtra les résultats que dimanche, est confronté à la plus grave crise de son histoire.
Le départ de la ministre en charge des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, a ébranlé le gouvernement et entraîné un mini remaniement. En tous cas, Theresa May ne sera pas peut-être plus le leader des conservateurs, mais elle conservera ses fonctions de cheffe du gouvernement pour accueillir Donald Trump qui se rend pour la première fois au Royaume-Uni pour une visite de trois jours, le 3 juin prochain.
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