Autriche: les ministres FPÖ démissionnent en bloc

En Autriche, tous les ministres d'extrême droite FPÖ ont présenté ce lundi 20 mai leur démission, trois jours après l'éclatement de l'« Ibizagate » et suite au limogeage du ministre de l'Intérieur.

Fin de partie pour la coalition en Autriche. À quelques jours des élections européennes, pas question pour les conservateurs de se laisser éclabousser par le scandale qui touche leurs alliés du FPÖ. Comme il l'avait annoncé, le chancelier Sebastian Kurz a demandé le limogeage du ministre d'extrême droite de l’Intérieur, Herbert Kickl.

« Il est clair que M. Kickl ne peut pas enquêter sur lui-même », estime le chancelier. Ses fonctions à l'Intérieur sont incompatibles avec l'enquête qui vise son propre parti et son dirigeant, l'ex-vice-chancelier Heinz Christian Strache. Celui-ci avait rapidement quitté ses fonctions après la diffusion d'une vidéo dans laquelle il se montrait prêt à se compromettre avec la Russie. Mais le ministre de l’Intérieur refusait d'en faire autant.

Fin de la coalition

Suite à son limogeage, les quatre autres ministres FPÖ de la coalition ont fait savoir qu'ils démissionnaient en bloc, comme ils l'avaient prévu. C'est donc la fin de dix-huit mois de coalition et la fin du gouvernement. Les élections anticipées pourraient avoir lieu en septembre. D’ici là, Sebastian Kurz souhaite nommer des ministres d'intérim aux profils de techniciens et il appelle l’opposition à « garantir la stabilité du pays ».

Interrogés par notre correspondante à Vienne, Isaure Hiace, les Viennois oscillent entre enthousiasme et inquiétude face à cette crise politique. Pour Philip Hildebrand, c'est un bon signe pour la démocratie : « C’est une bonne nouvelle d’un point de vue démocratique qu’il y ait eu une réponse après un tel scandale politique ».

À l'inverse, Gerhard Siedl est plus partagé : « J'aurais préféré avoir un gouvernement qui fonctionne, car maintenant il y a de l'incertitude. Une coalition entre les sociaux démocrates et les conservateurs, ça ne va pas, entre l'extrême droite et les conservateurs non plus et les autres partis sont trop petits pour former une coalition ! »

Nette chute du FPÖ dans les sondages

Pour la plupart des Viennois interrogés, cette affaire a montré le vrai visage du FPÖ. Cela se reflète d'ailleurs dans les sondages. Si le FPÖ est en recul de 5 points dans un sondage d’opinion paru ce lundi, l'ÖVP de Sebastian Kurz n'est non seulement pas affecté par le scandale, mais il progresse même de 4 points. Et à quelques jours des européennes, des responsables politiques ont mis en garde contre le modèle autrichien de coopération entre conservateurs et extrême droite.

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