Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet, et notre envoyée spéciale à Sibiu, Anastasia Becchio
« Nous rejetons tout ultimatum », écrivent les Européens, ce qui fait écho à la position des États-Unis qui affirmaient mercredi 8 mai qu’ils ne cèderaient jamais au chantage nucléaire de l’Iran. Et cette proximité du langage met en évidence l’impasse diplomatique dans laquelle les Européens sont enferrés.
« Sortir de l'accord nucléaire de 2015, c'est une erreur »
Étant donné que la Russie et la Chine ne vont jamais plus loin que l’affichage de leur soutien à l’Iran, les Européens s’étaient retrouvés dans la position de devoir assurer la survie de l’accord de Vienne face aux oukases des États-Unis. Leur dernière ligne de défense continue à être de préconiser le respect de l’accord ; ils demandent à Téhéran de s’y conformer et se disent déterminés à permettre des relations commerciales légitimes avec l’Iran.
C'est la tonalité des propos tenus par le président français à Sibiu, en Roumanie, où se tient un sommet informel de l'UE : « Nous avons contribué à négocier cet accord, et la France, à l’époque a beaucoup poussé pour qu’il soit plus exigeant que ce que les États-Unis étaient prêts à accepter ! Je pense que c’est un bon accord et une bonne base ; il doit être complété, je le dis depuis l’été 2017… Sortir de l’accord nucléaire de 2015, c’est une erreur parce que c’est détricoter ce que l’on a déjà fait. C’est pourquoi la France y reste, y restera et je souhaite très profondément que l’Iran puisse y rester… Il ne faut pas tomber dans la fébrilité… dans l’escalade... »
Les outils à la disposition des Européens
Mais pour l’instant, les Européens n’ont que deux outils. D’abord, le fonds commun de créances baptisé Instex, un système de compensation ou de troc qui n’est pas encore opérationnel et qui ne couvre que l’alimentation, les médicaments et l’humanitaire. Il y a ensuite la loi de blocage de l’UE pour protéger les entreprises qui font des affaires avec les Iraniens.
Mais ces deux outils n’ont pas suffi à motiver les entreprises ; les contreparties commerciales promises à l’Iran sont au point mort et les Européens semblent bien en peine de trouver les leviers diplomatiques pour sauver l’accord de Vienne.