Avec notre correspondante à Vienne, Isaure Hiace
Un bal polémique. Le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) du vice-chancelier Heinz-Christian Strache tenait vendredi soir au palais impérial de Vienne son traditionnel Wiener Akademikerball. Et pendant que le gratin de l’extrême droite valsait au sein de la prestigieuse Hofburg, des milliers d’Autrichiens ont protesté dehors.
Pas encore de chiffre de la police, mais les organisateurs parlent de 4 500 personnes réunies contre les Burschenschaften, corporations que cette manifestante juge anti-démocratiques et voudrait voir interdites. « Ce sont des extrémistes de droite, ils sont contre les étrangers, contre les femmes, contre l'égalité des sexes. C'est vraiment abominable que cela existe encore. »
Sur les pancartes des manifestants, le visage de plusieurs ministres du FPÖ membres d’une Burschenschaft, comme un tier des députés du parti. Un lien dangereux, qui se ressent dans la politique menée par cette formation, selon Elias Winter, autre manifestant croisé devant l'ancienne résidence impériale.
« L’influence des Burschenschaften au sein du FPÖ, explique-t-il, est l’une des raisons de la droitisation du parti. Elles ont un rôle idéologique au sein du FPÖ : on le voit par exemple avec leur politique du bouc-émissaire, qui vise les étrangers et les musulmans en Autriche. » Face à cela, beaucoup dénoncent le silence du chancelier conservateur Sebastian Kurz.
C’est le cas de Raffael Pankraz. « Moi, je trouve ce silence dangereux, car il rend plus acceptable ce genre de parti et les Burschenschaften. Si personne ne les conteste, cela donne l’impression qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent dans la société », confie-t-il. Quatre mille personnes seraient membres d’une Burschenschaft aujourd’hui en Autriche.