Matteo Salvini ne s’est pas contenté de déclarer qu’Emmanuel Macron « donne des leçons de solidarité, mais refoule des milliers de migrants aussi bien à Vintimille que dans la région du Piémont ». Il en a rajouté une bonne louche sur sa page Facebook. Notamment en lançant un « appel aux Français » pour qu’ils se « libèrent à l’occasion des prochaines élections européennes d’un très mauvais président de la République ».
Entre lui et son allié 5 étoiles au gouvernement, Luigi Di Maio, qui a accusé la France d’appauvrir l’Afrique, le président du Conseil, Giuseppe Conte, tente de calmer le jeu.
Dans un communiqué, il assure que l’amitié « historique » entre l’Italie et la France n’est pas remise en question et que « les relations entre les deux pays restent solides, malgré les querelles politiques ». Difficile de penser que ses efforts diplomatiques suffiront à mettre fin aux polémiques, en particulier sur la question migratoire exploitée à fond par le chef de la Ligue pour continuer de grimper dans les sondages.
► Macron et Merkel contre Salvini
En 6 mois tout a bien changé. La relation entre Rome et Paris est tendue depuis l’arrivée au pouvoir il y a presque un an de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles.
La crise des « gilets jaunes » a largement écorné l’image du président français. La chancelière allemande a de son côté perdu en autorité politique depuis l'automne, depuis qu'elle a annoncé qu'elle ne serait plus candidate à la chancellerie. Ce sont donc deux leaders affaiblis qui célébraient ce mardi l'amitié franco-allemande à Aix-la-Chapelle.
Alors quand le ministre de l’Intérieur italien chaque jour porté par une popularité plus grande déclare espérer que les Français « se libèrent d'un très mauvais président », Emmanuel Macron assume d’en rester aux images et au symbole, celui d’une amitié franco-allemande pilier de l'Europe.
« Aux Européennes, dit-on à l'Elysée, ce projet va vraiment se confronter à ceux qui cherchent une destruction du projet européen et du couple franco-allemand, on le voit encore aujourd'hui avec les déclarations aberrantes du gouvernement italien. »
Emmanuel Macron croit toujours à ce clivage entre progressistes et nationalistes. Il veut continuer à tenter de l'imposer, et tant pis s'il ne peut plus le porter aussi haut en Europe.