Moscou accepte une supervision allemande et française dans le détroit de Kertch

Des observateurs allemands et français pour surveiller le détroit de Kertch ? C’est la proposition formulée par Berlin, et qui a été acceptée par la Russie, selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Près de deux mois après le très grave incident maritime survenu au large de la Crimée, le trafic maritime a repris dans le détroit de Kerch, mais la situation reste tendue entre la Russie et l’Ukraine.

Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot

Selon le chef de la diplomatie russe, cela fait plus d’un mois que la proposition est sur la table. Sergueï Lavrov affirme que c’est Angela Merkel qui a proposé à Vladimir Poutine d’envoyer des observateurs allemands dans la zone du détroit de Kertch. « Vladimir Poutine a immédiatement accepté, de même que la présence d’observateurs français », a déclaré ce vendredi le chef de la diplomatie russe à l’issue d’un entretien avec son homologue allemande Heiko Maas, en visite à Moscou.

La présence d’observateurs étrangers permettrait sans doute d’apaiser les tensions dans la zone qui a été le théâtre d’un incident maritime particulièrement grave entre les garde-côtes russes et la marine ukrainienne. Près de deux mois se sont écoulés depuis l’incident, mais les marins ukrainiens qui se trouvaient à bord des navires arraisonnés par la Russie, sont toujours derrière les barreaux.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a profité de sa visite en Russie pour demander leur libération. Sur ce point, la Russie reste intransigeante : la détention provisoire des 24 hommes a été prolongée cette semaine jusqu’au mois d’avril.

Réactions prudentes en Ukraine

Réactions prudentes en Ukraine au plan du ministre des Affaires étrangères allemand Heikko Maas de dépêcher des observateurs au détroit de Kertch, entre la mer Noire et la mer d’Azov. C’est là qu’avait eu lieu une bataille navale, fin novembre dernier. Trois navires ukrainiens et 24 marins avaient été capturés.

Vu de Kiev, ce n’est pas assez. L’idée d’observateurs allemands et français sur le détroit de Kertch est certes bien accueillie, d’autant que Paris et Berlin n’ont pas cédé à la Russie qui ne voulait pas inclure l’Ukraine dans ce projet, comme une manière de légitimer par-là sa souveraineté sur la Crimée, rapporte notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert.

Les Ukrainiens cependant avaient demandé des Occidentaux qu’ils assignent des observateurs sur leurs navires militaires, afin de les aider à entrer en mer d’Azov. Kiev avait aussi demandé aux forces de l’Otan de venir stationner au large de la Crimée. Seuls quelques navires britannique et américain ont effectué des patrouilles.

Les Occidentaux n’ont pas accédé à ces demandes, à cause des risques évidents. Mais pour l’exécutif ukrainien, leur implication directe serait la seule manière d’enrayer l’annexion rampante de la mer d’Azov. L’initiative franco-allemande ne règle pas non plus un des problèmes principaux hérités de l’escalade de novembre : aucun des 24 marins ukrainiens, considérés comme des prisonniers de guerre, n’a été libéré des prisons russes. Et la simple présence d’observateurs sur le détroit de Kertch n’y changera rien.

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