Avec notre correspondant à Belgrade, Laurent Rouy
Les contestations ont commencé spontanément début décembre après qu'un opposant au président Vucic ait été agressé à coups de barre de fer. Le mouvement réclame aussi la lumière sur l’assassinat de l’opposant Oliver Ivanovic il y a un an et sur des violences commises contre des journalistes.
Les manifestants demandent la démission du ministre de l’Intérieur et exigent aussi que les médias pro-gouvernementaux parlent des manifestations. En effet la censure est telle qu’une partie de la population en province ignore les protestations au cœur de la capitale.
« Le peuple serbe n’a pas le droit de dire ce qu’il pense. Ceux qui le font sont aussitôt insultés publiquement, ils sont traités de déchets », s'insurge un homme. « Il faut changer le président et le gouvernement », lance une femme.
En réaction, le président multiplie les annonces contradictoires. Un jour il méprise les manifestations, un autre le gouvernement se dit prêt à discuter avec le peuple. Pour Stéphane, un étudiant de Belgrade, c‘est la preuve que le mouvement porte ses fruits. « Vucic a eu peur, estime-t-il. Il prépare un contre meeting le 17 janvier. Nous espérons que le peuple se réveille à temps. L’espoir, c’est tout ce qu'il nous reste. »
Cette semaine, des manifestations ont commencé dans neuf autres villes. Mais le mouvement n’a pas encore une taille suffisante pour menacer le pouvoir du président Vucic. Reste à voir comment il se développera.
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