L'accord était attendu depuis plusieurs jours, et rendait les investisseurs nerveux. Au cœur de la discorde : le financement des mesures du gouvernement italien jugé hors des clous par Bruxelles.
En octobre dernier, l'équipe formée par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue avait présenté un projet de budget pour 2019 avec un déficit de 2,4% du PIB.
Il avait été rejeté par la Commision européenne au motif qu'il ne respectait pas les règles budgétaires européennes. D'autant que la dette publique italienne est l'une des plus importantes des pays de la zone euro.
Mais Luigi Di Maio, leader du M5S, et Matteo Salvini, de la Ligue, étaient peu enclins à faire des concessions.
Le gouvernement accepte de baisser ses objectifs
Finalement, le gouvernement italien accepte de baisser ses objectifs et d'augmenter la réduction de ses dépenses d'environ 4 milliards d'euros, afin d'éviter une procédure d'infraction aux règles budgétaires.
L'accord entre l'Italie et l'Union européenne prévoit de fixer l'objectif de déficit public à 2,04% du PIB et une prévision de croissance à 1%. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement devra faire des économies sur deux mesures : la réforme des retraites, portée par le vice-Premier ministre Matteo Salvini, et sur le revenu minimum en faveur des plus démunis, soutenu par Luigi Di Maio.
La satisfaction de Giuseppe Conte
A Rome, pour le moment, on note surtout la satisfaction du chef du gouvernement Giuseppe Conte qui, devant le Sénat, a parlé d’un « bon accord pour les Italiens et pour l’Europe », rapporte notre correspondante dans la capitale italien Anne Le Nir. Giuseppe Conte a, de fait, joué un délicat rôle de médiateur entre les partis au pouvoir - le Mouvement 5 étoiles et la Ligue - et la Commission européenne.
Au Sénat, il a insisté sur le fait que l’accord avec Bruxelles a été atteint « sans reculer sur le contenu du projet de budget pour 2019 ». Autrement dit : les grandes promesses électorales du chef des 5 étoiles, Luigi Di Maio, et du leader de la Ligue, Matteo Salvini, introduction d’un revenu de citoyen pour les Italiens les plus démunis et assouplissement du système de retraites, sont maintenues. Mais elles ne seront appliquées qu’à partir du mois de mars. Et nul ne sait encore combien d’Italiens pourront en bénéficier.
La première version du projet de budget prévoyait, pour ces deux mesures phares, une couverture financière de 16 milliards d’euros. La dernière en prévoit six de moins.
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