Avec notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan
Durant le week-end, dans la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, vieille de mille ans, environ soixante évêques vont discuter les contours d'une nouvelle église ukrainienne, une sorte de creuset où pourraient s'unifier des tendances jusqu'ici concurrentes : le patriarcat de Kiev, le patriarcat de Moscou en Ukraine, et une petite église autocéphale de la diaspora ukrainienne.
L'enjeu est de taille : il y a encore 5 ans, le patriarcat de Moscou était
dominant en Ukraine, car il était le seul ayant une existence juridique reconnue
dans le monde orthodoxe international. Seulement, sa hiérarchie s'est complètement alignée sur le Kremlin après l'annexion de la Crimée et durant la guerre du Donbass. Et en l'espace de cinq ans, une majorité d'Ukrainiens s'est ralliée au principe d'une église nationale unifiée, rompant avec quatre siècles d'influence politique russe.
Seulement, si la société ukrainienne semble prête à faire ce pas historique, la direction du patriarcat de Moscou ne l'entend pas de cette oreille. Ses représentants en Ukraine refusent de participer au processus et l'on craint des incidents violents aux abords de certains sanctuaires où les prêtres et archevêques restent fidèles à la Russie.