Scandale au Parlement hongrois

A Budapest mercredi soir, environ deux à trois mille personnes ont manifesté dans les rues contre le gouvernement de Viktor Orban. Une manifestation spontanée. Les Budapestois sont en colère après l'adoption par la droite nationaliste du Premier ministre Viktor Orban de lois controversées sur la justice et la flexibilisation du travail.

Avec notre correspondance à Budapest, Florence La Bruyère

Les manifestants ont exprimé leur colère après la modification du Code du travail qui permet aux employeurs du privé de faire effectuer à leurs salariés jusqu'à 400h supplémentaires par an, sans aucune garantie pour les salariés d'être payés. Selon Viktor Orban, cette loi est bénéfique pour les salariés. Mais deux de ses ministres ont révélé qu'elle avait été adoptée à la demande des industriels de l'automobile allemands qui ont plusieurs usines en Hongrie.

Les manifestants ont aussi protesté contre la procédure de vote. Un vote qui selon l'opposition, serait entaché de fraude.

On n'avait jamais vu un tel chaos au Parlement hongrois. Les députés d'opposition ont tenté de bloquer le vote, en sifflant pendant de longues minutes devant un Viktor Orban narquois, mais qui avait tout de même fait venir ses gardes du corps dans l'hémicycle.

L'opposition n'a pas pu empêcher l'adoption des lois par la majorité de droite du Premier ministre. Un vote entaché de fraude, selon la députée d'opposition, Timea Szabo, du petit parti centriste Parbeszéd (Dialogue), car les parlementaires n'ont pas utilisé leur carte électronique individuelle, pourtant requise par le règlement.

« Le vote est totalement illégitime ! On ne peut pas voter sans carte électronique, Car à ce moment là, un député du Fidesz peut très bien appuyer sur le bouton à la place d'un autre qui est absent ! »

La première loi crée un nouveau tribunal, une Cour suprême dont les juges seront nommés et contrôlés par le gouvernement. C'est un coup de boutoir à l'indépendance de la justice. La deuxième loi, elle, autorise les heures supplémentaires dans le secteur privé, jusqu'à 400 heures par an.  L'employeur pourra payer ces heures 3 ans après qu'elles aient été effectuées. Des termes inacceptables pour l'ensemble des syndicats. Plus de 80 % des Hongrois seraient opposés à cette loi, surnommée la loi sur l'esclavage.

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