Avec notre correspondante à Rome, Anne Tréca
Une manifestation de la Ligue, membre de la coalition au pouvoir, est toujours une grande mise en scène : de centaines de drapeaux du parti et de toutes les régions d’Italie, le lion de Venise à côté de la tête-de-Maure des indépendantistes sardes, des manifestants de tous âges, mais surtout des hommes. Dans une ambiance digne d’un stade, le secrétaire général Matteo Salvini arrive sur un air d’opéra de Giacomo Puccini.
L’homme fort du gouvernement invoque le Bon Dieu, cite Martin Luther King, Alcide de Gasperi - père de l’Europe - et saint Jean-Paul II. Il rend hommage à la famille et aux Italiens, qui doivent selon lui retrouver leur dignité, à l’Italie et à sa culture millénaire.
En six mois, il est devenu l’homme politique le plus populaire du pays : il a fermé les ports aux ONG de secours aux migrants et, sur leurs calicots, les militants le remercient d’avoir « arrêté l’invasion ».
« L’Afrique s’attend et recevra, de moi et de notre gouvernement, non pas des fonds récoltés dans des méga-concerts qui en fait finissent dans les poches des ministres et de leurs copains, mais de l’aide pour grandir, pour étudier, pour se soigner, pour travailler chacun sur sa terre, chacun dans son village, chacun dans sa communauté, sans déraciner les peuples et les cultures », lance Matteo Salvini dans son micro.
Certains jeunes manifestants portent une casquette rouge avec le slogan « Make America great again » (rendons sa grandeur à l’Amérique) : Trump est aussi leur idole, pour la promesse de retrouver une grandeur perdue.