C’est une expérience vécue par tous : se retrouver au milieu d’une foule de touristes qui se prennent en photo devant l’oeuvre ou le monument que l’on est venu admirer. C’est pour lutter contre ce phénomène que l’office de tourisme de Vienne a lancé, il y a un peu plus d’un mois, une campagne de publicité. Des affiches, distribuées en Allemagne et en Angleterre, mettent en scène des touristes qui se photographient devant les lieux emblématiques de la capitale autrichienne. Et le texte est explicite : « Profitez de la ville derrière vos photos ».
L’office de tourisme prête également aux visiteurs des appareils qui ne permettent de prendre que dix clichés. Même le fameux musée du Belvédère, à Vienne, a participé à cette campagne. Pendant trois jours, le tableau Le Baiser de Gustav Klimt a été remplacé par une copie, sur laquelle un hashtag rouge cachait la peinture. L’original était dans la salle suivante. Car comme pour La Joconde au musée du Louvre, certains visiteurs ne viennent au Belvédère que pour cette salle, que pour ce tableau.
Un vrai succès
Cette campagne aura au moins permis de créer le débat sur l’omniprésence des selfies et des réseaux sociaux lorsqu’on visite. Le but de l’office de tourisme n’est pas d’interdire aux visiteurs de prendre des clichés mais de les inviter à le faire avec parcimonie. Et cela pour qu’ils profitent pleinement de la ville, comme l’explique Helena Hartlauer, de l’office de tourisme de Vienne. « Cette campagne s’adapte à l’ADN de Vienne, une ville décrite par beaucoup comme paisible. Je crois que cette campagne rappelle aux gens que Vienne est une ville où l’on prend vraiment son temps, où on apprécie chaque moment et elle les invite à se concentrer sur cela, plutôt que sur le nombre de photos que l’on peut prendre en une journée ».
Cette campagne, baptisée « Unhashtag Vienna », c’est à dire Vienne sans hashtag, a en tout cas été très commentée dans la presse et sur les réseaux sociaux en Angleterre et en Allemagne, les deux pays où elle se déploie.
Vienne n'en est pas à son premier coup d'essai
Il y a un an déjà, on avait parlé dans le monde entier de leur campagne qui célébrait le centenaire de la mort d’Egon Schiele, artiste autrichien décédé en 1918. Les affiches initiales représentaient des nus peints par Schiele mais plusieurs villes les avaient censurées car jugées trop impudiques.
L’office de tourisme avait donc relancé la campagne avec les mêmes nus mais un bandeau cachait les parties intimes des modèles, bandeau qui arborait ce message : « Désolé, âgé de 100 ans mais toujours trop osé ». Cela avait finalement fait beaucoup de publicité pour les expositions viennoises consacrées à Schiele. Sans doute, l’office de tourisme espère-t-il, avec la campagne « Unhashtag Vienna », produire les mêmes effets.