Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Le vent de révolte qui a menacé d’emporter Theresa May, ces dernières heures, semble perdre de la vigueur : les archi-brexiters qui voulaient déclencher un vote de défiance dès vendredi 16 n’ont pas encore mis leur menace à exécution. Il semble même qu’ils aient du mal, sans l’avouer, à réunir les 48 signatures nécessaires. Leurs chefs de file expliquent maintenant que les députés vont passer le week-end dans leurs différentes circonscriptions, pour sonder l’opinion de leurs électeurs avant de prendre leur décision. Les frondeurs annoncent désormais un vote de défiance en début de semaine, peut-être mardi 20.
Il semble donc que le souffle soit pour le moment retombé, en partie parce que de nombreux conservateurs modérés ont sévèrement critiqué leur mouvement de rébellion, qu’ils jugent malvenu. Entre temps, le ministre de l’Environnement et brexiter Michael Gove a finalement décidé de rester au gouvernement et a apporté son soutien à Theresa May.
La dirigeante a d’ailleurs profité de ce répit pour lancer une offensive de charme en s’adressant directement aux Britanniques lors d’une émission de radio, où elle a défendu bec et ongles son plan de Brexit. Néanmoins, celle que certains commentateurs ont surnommée « le Terminator », pour sa capacité à se relever après chaque coup, lutte toujours pour sa survie. Alors que la majorité du Parlement continue à rejeter en bloc son projet d’accord.
Parmi les cinq ministres restés aux côtés de Theresa May, deux poids lourds eurosceptiques
Quoique dans l’incertitude d’une éventuelle menace d’une motion de défiance des députés conservateurs, Theresa May peut respirer davantage. Parmi les cinq ministres eurosceptiques partisans du Brexit qui restent au sein de son cabinet se trouvent deux poids lourds : le ministre du Commerce Liam Fox et Michael Gove, le ministre de l’Environnement, figure de proue de la campagne pro-Brexit. De plus, Stephen Barclay, qui était jusqu’alors à la Santé, a été nommé ministre du Brexit ce vendredi 16 novembre, et la fidèle alliée de Mme May, Amber Rudd, revient au gouvernement.
Ils affirment avoir pleinement confiance en Theresa May. S’ils sont restés, c’est pour tenter de ramener un peu de stabilité dans un paysage politique britannique de plus en plus chaotique. « Un accord vaut mieux que pas d’accord », a lancé Liam Fox. Mais l’objectif du ministre du Commerce international, comme celui de son influent collègue de l’Environnement, est de tenter en restant au gouvernement d’améliorer l’accord de divorce avec l’Union.
C’est ce qu’a expliqué Michael Gove à plusieurs médias britanniques : « Je pense qu'il est absolument essentiel que nous nous attachions à obtenir le bon accord pour notre avenir et que nous puissions obtenir le meilleur résultat dans les domaines qui importent tellement à la population britannique ».
Les ministres eurosceptiques veulent s'assurer entre autres que le Royaume-Uni ne sera pas lié indéfiniment à l'UE dans une union douanière. Selon le Telegraph, Michael Gove et ses collègues se réuniront la semaine prochaine pour discuter d'une nouvelle formulation de la clause de sauvegarde, cette solution qui vise à éviter le retour d’une frontière physique en Irlande. Un détail semble toutefois leur avoir échappé : du côté européen, on ne voit pas de raison de renégocier l’accord de divorce que les Vingt-Sept s’apprêtent à entériner au sommet du 25 novembre.
Stephen Barclay, 46 ans, avocat spécialisé dans la réglementation financière et eurosceptique, remplace Dominic Raab qui avait jeté l'éponge jeudi 15. La démission du ministre du Brexit avait été un coup dur pour la cheffe du gouvernement. L'europhile et fidèle parmi les fidèles de Mme May, Amber Rudd, revient au gouvernement avec le portefeuille du Travail et des Retraites. Elle avait démissionné de l'Intérieur, emportée par un scandale lié au traitement réservé aux immigrés originaires des Caraïbes.