Dès l'annonce de ces soupçons d'espionnage, les relations entre les deux pays se sont fortement tendues. Le chargé d'affaires de la Russie à Vienne a été convoqué par la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Kneissl, qui a annulé un déplacement prévu en Russie, a ajouté Sebastian Kurz, précisant qu'une enquête judiciaire avait été ouverte. « Bien sûr, si de tels cas sont confirmés, que ce soit aux Pays-Bas ou en Autriche, cela ne pourra pas améliorer les relations entre l'UE et la Russie », a déclaré le chancelier, chef du parti conservateur qui gouverne avec le parti d'extrême droite FPÖ.
Moscou dit « ne rien savoir »
La Russie n'a pas tardé à réagir aux accusations formulées par le gouvernement autrichien, rapporte notre correspondant Moscou, Daniel Vallot. Interrogé au cours d'une conférence de presse, Sergeï Lavrov a assuré « ne rien savoir » des soupçons portant sur ce colonel autrichien qui aurait espionné pour le compte de la Russie. « Nos partenaires occidentaux ont pris pour règles ces derniers temps de nous accuser publiquement », a déploré le chef de la diplomatie russe « et de nous demander des explications sur des questions dont ne nous savons rien ».
Pour Moscou, c'est donc une nouvelle affaire d'espionnage qui éclate, et potentiellement une nouvelle crise diplomatique avec un pays occidental. Mais cette fois, l'affaire concerne un pays qui s'était montré plutôt favorable à une reprise du dialogue avec la Russie. Le FPÖ n'avait jamais caché en effet ses accointances avec Vladimir Poutine. Avec ces accusations d'espionnage, tout semble remis en cause.
L’Autriche, pays neutre à forte activité de renseignement
Les Pays-Bas avaient annoncé en octobre avoir expulsé quatre espions russes accusés de tentative de piratage du siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye. « L'espionnage russe en Europe est inacceptable et doit être condamné », a ajouté M. Kurz.
Le ministre autrichien de la Défense, Mario Kunasek, du parti FPÖ, a déclaré lors de la conférence de presse que l'affaire avait été mise au jour « il y a quelques semaines » à la suite d'informations fournies par une autre agence de renseignement européenne.
Pays neutre situé au cœur de l'Europe centrale et abritant de nombreuses organisations internationales, dont l'ONU, l'Opep et l'OSCE, l'Autriche est traditionnellement un lieu de forte activité de renseignement et a joué un rôle primordial d'interface entre l'Est et l'Ouest durant la Guerre froide.
En mars, Vienne s'était distinguée de ses partenaires de l'UE en refusant d'expulser des diplomates russes en pleine affaire Skripal, disant vouloir « maintenir ouverts les canaux de communication avec la Russie ».
(avec AFP)