Avec notre correspondant à Bucarest, Benjamin Ribout
Le ministre roumain de la Justice Tudorel Toader n'en finit pas de mettre à mal l'indépendance de la justice de son pays. Mercredi 24 octobre, ce fidèle de Liviu Dragnea, le leader social-démocrate, a lancé une procédure de révocation du procureur général, Augustin Lazar, à la tête du parquet général roumain depuis trois ans. Il l'accuse d'avoir « manqué à ses obligations légales », lui reprochant notamment d'avoir « contesté des décisions de la Cour constitutionnelle » ou encore « critiqué des juges ».
Des accusations « ridicules » pour l'intéressé, considéré depuis la révocation très critiquée de Laura Codruta Kovesi de la tête de la direction nationale anticorruption en juillet, comme le dernier rempart face aux tentatives du gouvernement de réformer le système judiciaire.
Le ministre de la Justice vient pourtant de recevoir un rapport très critique de la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l'Europe. Celui-ci estime que l'action du gouvernement nuit à l'indépendance de la justice et constitue « un pas en arrière ». Même son de cloche à Bruxelles où l'on s’inquiète toujours plus des dérapages de la Roumanie, alors que le pays doit assumer, à partir du 1er janvier prochain, la présidence tournante de l’Union européenne pour six mois.