Daphne Caruana Galizia enquêtait sur la corruption. Juste avant d’être tuée, le 16 octobre 2017, dans l’explosion de sa voiture, elle écrivait sur son blog: « les escrocs sont partout, la situation est désespérée ». Trois hommes liés au milieu maltais suspectés d’avoir posé la bombe ont été arrêtés en décembre dernier. Ils restent muets et le ou les commanditaires de l’attentat sont toujours recherchés.
Selon les informations recueillies par les partenaires du Projet Daphne, un collectif de médias qui poursuit le travail d’enquête de Daphne Caruana Galizia, il existe des connexions entre l’un des hommes soupçonnés d’avoir posé la bombe et le ministre de l’Economie, Chris Cardona. Ministre clé du gouvernement travailliste, il aurait été vu dans un bar du centre de l’île avec l’un des assassins supposés, quelques semaines après le meurtre. Chris Cardona, qui nie toute relation avec les trois suspects incarcérés, n’aurait pas encore été interrogé par les policiers en charge de l’enquête.
Aucun responsable politique n’a d’ailleurs été entendu dans cette affaire alors que la journaliste, s’intéressait de près aux affaires de corruption au sein de la classe politique maltaise. Aussi Reporters sans frontières et RSF et quatre autres organisations de défense de la liberté de la presse, qui ont rencontré le Premier ministre Joseph Muscat à La Valette, « lui ont exprimé leurs inquiétudes sur le manque d'avancée significative dans l'enquête sur l'assassinat », indique RSF dans un communiqué.
Les ONG, qui déplorent encore « l'impunité qui entoure l'assassinat de la journaliste d'investigation ont également demandé au chef du gouvernement de prendre des engagements fermes pour garantir la liberté de la presse et la sécurité des journalistes dans le pays et d'ouvrir sans attendre une enquête publique sur ce meurtre ».
avec AFP