Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
« Bollocks to Brexit, It's not a done deal ». Depuis quelques jours, le message s'impose à la vue des Londoniens. Placardé en grosses lettres sur fond jaune sur de larges panneaux numériques disposés dans une vingtaine de gares et d'endroits stratégique de la capitale britannique, ce slogan, qu'on pourrait traduire par « Merde au Brexit, ce n'est pas encore joué », ne manque pas de faire réagir les passants.
« Je trouve ça formidable ! On a besoin que plus de gens nous disent ce qu'est vraiment le Brexit. J'adore voir ce panneau tous les matins ! », s'enthousiasme un vieil homme. Mais le ton employé n'est pas du goût de tout le monde. Tout comme le fond du propos.« Ce genre de langage n'est vraiment pas nécessaire. J'ai voté pour le Brexit et je ne suis pas d'accord : c'est beaucoup trop tard, on a voté, c'est fini, il faut l'accepter », estime un autre.
A l'origine de cette campagne provocatrice, le patron de Pimlico Plumbers Charlie Mullins s'était d'abord contenté d'afficher le message sur le toit de sa société. Mais lorsque le conseil municipal lui a demandé de l'enlever, loin d'obtempérer, le PDG est allé encore plus loin. « BOLLOCKS TO BREXIT: le panneau ne descend pas avant que #Brexit soit vaincu !! Diffusons le message pour arrêter le Brexit, pas pour l'adoucir! », écrit-il sur son compte Twitter.
Le millionnaire ne se résout pas à la perspective d'une sortie de l'Union européenne qui, selon lui, affecte déjà les entreprises britanniques. « Je dois faire passer le message que le Brexit n'est bon pour personne, explique-t-il. Il faut un second référendum. Pourquoi on devrait être plus pauvres à cause d'un gouvernement buté qui n'y connaît rien ? »
Ancien donateur du Parti conservateur, Charlie Mullins s'est depuis retourné contre les Tories et milite pour un second référendum. Et les menaces des autorités locales ne lui font pas peur : ses panneaux resteront en place jusqu'à ce qu'un nouveau vote soit organisé.