De notre correspondant à Llviv, Sébastien Gobert
Si Petro Porochenko a déchiré ce traité d'amitié le 19 septembre, c'est pour une raison simple: il est en campagne pour sa réélection. Il avait entamé des négociations de paix en 2015 avec Vladimir Poutine: elles sont au point mort, et il fait donc le pari de devenir un président historique, celui qui rompt tout lien avec l'ancienne puissance impériale.
Pour cela, il renforce le poids de la langue ukrainienne, se prépare à un conflit de paroisses avec le patriarcat chrétien orthodoxe de Moscou, entend interrompre la ligne ferroviaire directe entre Kiev et Moscou. Il pousse aussi pour qu'une réforme de la Constitution interdise à tout jamais une coopération militaire avec la Russie.
Petro Porochenko discrédite ses opposants politiques en faveur d'un compromis avec le Kremlin. Pour lui, seule une mission internationale de maintien de la paix dans l'est peut poser les bases d'un règlement du conflit.
En attendant, Petro Porochenko entend renforcer l'armée, la langue, et la religion, et par là-même l'indépendance de l'Etat vis-à-vis de la Russie. Un Etat indépendant qui, reconnaissant, lui accorderait un second mandat.