Avec notre correspondant en Bosnie-Herzégovine, Laurent Geslin
« Pravda za Davida » (« Justice pour David »). Les slogans sont les mêmes depuis plus trois mois, tous les soirs dans le centre de Banja Luka.
Poing levé, la foule rend hommage David Dragicevic, 21 ans, retrouvé mort après avoir été torturé le 24 mars dernier. Les manifestants - des couples avec des enfants, des étudiants, des citoyens ordinaires - dénoncent les incohérences de l'enquête de la police, accusée de protéger des proches du Président Milorad Dodik.
Davor Dragicevic, le père de David, prend la parole tous les soirs : « Nous allons vous montrer qui nous sommes, assassins, criminels, sataniques. Regardez-nous, nous sommes des gens qui réclament deux choses, la vérité, la justice et la paix et le respect des institutions. Regardez qui vous avez tué, vous avez tué l'avenir de ce pays. »
Cela fait bien longtemps que plus personne en Republika Srpska ne fait confiance au gouvernement, ni aux institutions de l'entité, et le meurtre mystérieux de David a déclenché un mouvement de contestation qui se répand désormais sur les réseaux sociaux mais aussi dans l'autre entité de ce pays toujours divisé.
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Chose inédite depuis les années de guerre, la foule applaudit Muriz Memic, le père d'un jeune homme de Sarajevo, également décédé dans des circonstances suspectes.
A quelques mois des élections d'octobre prochain, cette mobilisation populaire, qui demande simplement que les institutions bosniennes fassent leur travail, a de quoi inquiéter les politiciens qui dirigent le pays.