Espagne: Pedro Sanchez succède à Mariano Rajoy, renversé par le Parlement

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption, a été renversé, vendredi 1er juin, par le Parlement qui a dans le même temps accordé sa confiance au socialiste Pedro Sanchez.

Le socialiste Pedro Sanchez est devenu le nouveau président du gouvernement après l'adoption par le Parlement d'une motion de censure contre Mariano Rajoy. Les députés du Congrès des députés, la chambre basse du Parlement, se sont prononcés par 180 voix pour, 169 voix contre et une abstention.

Le « guapo », le beau mec en français son surnom, aura donc
doublé ses adversaires à la toute derniere minute quand tout le monde le donnait mort. Un peu comme dans ses compétitions sportives à suspense qu il affectionne. Pedro Sanchez est un supporter fervent de football, un ancien joueur de basket efficace aussi.

Né le 29 février 1972 à Madrid, Sanchez a grandi dans une famille aisée, auprès d'un père entrepreneur et d'une mère fonctionnaire, et a étudié l'économie dans la capitale espagnole avant de décrocher un master d'économie politique de l'Université libre de Bruxelles. Conseiller municipal à Madrid de 2004 à 2009, il devient député en 2009 à la suite de la démission du titulaire du siège, avant de connaître une ascension fulgurante.

Rajoy plombé par l'affaire « Gürtel »

Le sort de Mariano Rajoy s'est joué en à peine une semaine depuis le dépôt vendredi par le Parti Socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez de cette motion, au lendemain de l'annonce de la condamnation du Parti Populaire du chef du gouvernement dans un méga-procès pour corruption, baptisé « Gürtel ».

Peu de temps avant le vote, Mariano Rajoy, premier chef de l'exécutif renversé par une motion de censure en Espagne depuis le retour à la démocratie, avait reconnu sa défaite. « Nous pouvons présumer que la motion de censure sera adoptée. En conséquence, Pedro Sanchez va être le nouveau président du gouvernement », a-t-il déclaré, dans une courte allocution acclamée par ses partisans. Il a notamment félicité son rival et a souligné son « honneur » d'avoir dirigé le pays.

Une page se tourne

Un chapitre de l'histoire politique espagnole s'est donc refermé ce vendredi à Madrid. Au pouvoir depuis décembre 2011, Mariano Rajoy avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, dont il est sorti au prix d'une sévère cure d'austérité, aux mois de blocage politique en 2016 jusqu'à la tentative de sécession de la Catalogne l'an dernier.

« Aujourd'hui, nous écrivons une nouvelle page de l'histoire de la démocratie dans notre pays », a déclaré M. Sanchez, ancien professeur d'économie surnommé le « beau mec » (Guapo, en espagnol), qui va être nommé officiellement chef du gouvernement dans les heures à venir.

Persévérant et obstiné, beaucoup de barons du parti socialistes lui cependant reprochent de ne pas assez jour collectif, eux qui l'avaient désavoué il y a moins de deux ans. Autre critique récurrente : une vision de la tactique politique beaucoup trop à court terme. Pedro Sanchez va devoir désormais jouer plusieurs matchs à la fois en renouant le lien avec la Catalogne mais aussi en mettant en place les mesures sociales promises, le tout avec une alliance hétéroclite. Pedro Sanchez a quelques mois devant lui pour montrer qu il a trop souvent été sous-estimé.

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