Si vous êtes un internaute européen, vous l'avez sans doute remarqué : depuis quelques semaines, dans votre boîte mail, une succession de messages en provenance des sites auxquels vous êtes inscrits. Tous mettent à jour leurs conditions d'utilisation.
La raison tient en quatre lettres : RGPD, le règlement général pour la protection des données, qui entre en vigueur ce vendredi. Principale mesure : les entreprises doivent désormais obtenir le consentement explicite des internautes avant de recueillir et utiliser leurs données personnelles.
Gare aux sociétés qui ne se plieraient pas à la nouvelle réglementation. La sanction sera lourde, jusqu'à 20 millions d'euros d'amende ou 4% du chiffre d'affaires mondial.
Avec ces nouvelles dispositions, Bruxelles entend mieux protéger les citoyens européens après lesscandales de fuites, piratages et autres utilisations abusives de leurs données personnelles qui ont eu lieu ces dernières années.
Cette avancée n'aura cependant d'effets qu'en Europe. Rares sont les entreprises qui ont décidé d'appliquer ces nouvelles dispositions plus contraignantes à l'ensemble de leurs utilisateurs dans le monde.
Critiques et craintes en Allemagne
Les mêmes règles plus protectrices pour les individus valent désormais dans les 28 pays de l'Union européenne. Mais la transition suscite des craintes et des critiques, même dans un pays en pointe sur ces questions comme l'Allemagne.
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
DSGVO : c'est le petit nom dans sa version allemande du règlement général sur la protection des données. Une abréviation inconnue du grand public il y a peu, aujourd'hui plus recherchée sur le net que la chanteuse Beyoncé d'après le quotidien Frankfurter Allgemeine.
La protection des données privées est une question sensible en Allemagne qu'expliquent aussi les dictatures nazie et communiste. Et le pays a une longueur d'avance sur ces dossiers par rapport à certains de ses voisins européens. Un expert estime ainsi que 90% des nouvelles règles étaient déjà en vigueur.
Mais un vent de panique souffle malgré tout en Allemagne. Les entreprises critiquent des mesures trop bureaucratiques. 22% des PME seulement d'après un sondage ont déjà fait le nécessaire.
La déléguée nationale chargée de la protection des données Andrea Vosshoff rejette ces critiques des milieux économiques.
« L'Allemagne dispose d'un savoir-faire dans ce domaine, dit-elle. C'est pourquoi je rejette les critiques contre des règles qui limiteraient l'innovation. J'affirme plutôt au contraire que cette compétence en matière de protection des données personnelles peut constituer un atout au plan économique. Il est aussi nécessaire que les produits et services répondant à ses normes bénéficient d'un soutien politique. »
Les autorités se veulent rassurantes. « Nous n'allons pas immédiatement faire passer les gens à la caisse », affirme Andrea Vosshoff. Un autre responsable déclare, évoquant les amendes plus lourdes : « Nos dents sont plus acérées, mais nous n'allons pas mordre. »
► Ecouter aussi : RGPD: comment et de qui va-t-elle protéger les données personnelles? (Décryptage)