Avec notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux
Nous sommes sur une place de Stockholm, face à l'académie Nobel, où un millier de manifestants se sont rassemblés. « On ne fait pas ça souvent en Suède. J'ai 45 ans et pour moi c'est la première fois... »
Comme Sara, les habitants de Stockholm ne sont guère habitués aux manifestations. Ici pas de slogans, ni de banderoles, mais des discours indignés à la suite du scandale qui secoue l'académie. Sa secrétaire perpétuelle, Sara Danius, voulait faire le ménage. Et elle a été obligée de démissionner. Pour Anna, c'est une véritable injustice.
« Nous avons une femme qui est punie pour la faute d'un homme, accusé entre autre de viol. Les membres de l'Académie suédoise doivent démissionner, car ils traînent notre réputation dans la boue. »
D'autres rassemblements étaient organisés ailleurs dans le pays. Pour soutenir Sara Danius, mais aussi conjurer cette menace qui pèse aujourd'hui sur le prix Nobel de littérature. Frappée par des démissions en série, l'Académie suédoise ne compte plus que onze membres, ce qui est insuffisant pour désigner un lauréat. Or il faut attendre la mort d'un académicien titulaire pour pouvoir le remplacer. La seule issue à cette crise sans précédent serait que le roi de Suède change cette règle... vieille de plus de deux siècles.