Allemagne: la presse divisée sur l'interdiction des véhicules diesel polluants

La presse allemande reste partagée au lendemain de la décision de la plus haute juridiction administrative du pays, mardi, autorisant les communes à prononcer des interdictions de circulation pour les véhicules diesel les plus polluants.

Avec notre correspondant à BerlinPascal Thibaut

« Une décision courageuse, logique et appropriée ». Le quotidien Rhein Zeitung salue l’arrêt du Conseil d’Etat et explique « une décision courageuse, car les interdictions de circulation concernent des millions de personnes. Logique car la santé publique est plus importante que les intérêts des conducteurs. Appropriée car la décision prévoit des délais et des exceptions ».

D’autres commentaires sont sceptiques ou carrément négatifs. « La qualité de l’air ne va pas s’améliorer grâce à cette décision. C’est irréaliste », juge un quotidien régional. Le journal conservateur Frankfurter Allgemeine titre : « Pauvre diesel » et défend une technologie qui a fait « des progrès sensationnels » et nécessaire pour le moment pour le respect de l’environnement.

Les commentateurs sont d’accord pour critiquer les responsables politiques. « Le jugement est une gifle pour le gouvernement qui a ignoré les problèmes pendant des années et mis par là en danger la santé de la population » commente la première chaîne de télévision ARD. Les constructeurs automobiles en prennent aussi  pour leur grade.

Le quotidien économique Handelsblatt évoque les conséquences financières du jugement, parle d’un « désastre » et d’une « révolution pour le diesel », une révolution négative. « L’expropriation à froid des propriétaires de voitures atteint un nouveau sommet ». « On peut priver les Allemands de beaucoup de choses », ajoute le journal « mais pas de leurs voitures ».


« L'avenir des diesel de plus en plus compromis »

C’est la joie chez les défenseurs de l'environnement après la décision de la justice allemande. Elle permet l'interdiction de circulation des véhicules diesel dans les villes. Ils pourront être « progressivement » bannis à Stuttgart et Düsseldorf, en commençant par les plus anciens et en prévoyant quelques dérogations. Un message qui dépasse les frontières de l'Allemagne, estime Sarah Fayolle, porte-parole de Greenpeace France. « C’est une bonne nouvelle pour nos voisins allemands et pour la qualité de l’air. On peut retenir deux choses : cela veut dire un que l’avenir de ces véhicules diesel est de plus en plus compromis au profit d’autres formes de mobilité plus durables, plus respectueuses de la santé des gens et de l’environnement. Le deuxième élément qu’on peut retenir de cette décision, c’est l’affirmation de plus en plus forte des villes comme des acteurs-clés pour protéger la santé des citoyens face à la problématique majeure de la pollution de l’air.

Est-ce le début de la fin pour le diesel ? En tout cas, on y voit un signal très clair sur le fait que l’avenir des mobilités, notamment de la mobilité urbaine ne passera pas par des véhicules individuels diesel, et à terme, essence. C’est vers d’autres formes de mobilité qu’il faut évoluer, qui soient plus compatibles avec l’impératif climatique et l’impératif de protection de la santé des populations. On espère en effet que la dynamique va être de plus en plus forte et que ce genre de précédent parmi nos voisins européens va pousser d’autres villes à s’engager dans ce sens et à aller encore plus loin sur cette problématique de la pollution de l’air ».

Partager :