Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
La belva, le « fauve »… C’était le surnom de Totò Riina, tant le chef suprême de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, était cruel. C’était un homme trapu, aux grosses mains de boucher et au regard de glace, inoubliable.
Le Corléonais avait une intelligence aussi redoutable, pour ses ennemis, que sa violence. Capturé non loin de Corleone, son village natal, en janvier 1993, moins d’un an après les plus effroyables meurtres qu’il a commandités : ceux des juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsselino, Totò Riina était incarcéré dans une prison de haute sécurité à Parme, en Emilie- Romagne.
Gravement malade depuis plusieurs mois, ses avocats avaient demandé qu’il soit placé aux arrêts domiciliaires, pour mourir chez lui, en famille. Le parquet national anti mafia avait refusé, car à 87 ans, « Riina le fauve », gardait, malgré tout, son pouvoir de « parrain des parrains » de la Cosa Nostra.
Tant que sa santé le lui a permis, il a systématiquement suivi ces dernières années les audiences de ses procès en vidéo-conférence. Une manière de démontrer que « le parrain des parrains » c’était encore lui et de faire passer des messages codés. Sa famille a été exceptionnellement autorisée à lui rendre visite en prison pour lui dire adieu.