De notre correspondant à Madrid, François Musseau
La mainmise de l'Etat espagnol sur la Catalogne, doit être brève, modérée et doit conduire à des élections en janvier 2018. Telle est l'exigence imposée par les socialistes à Mariano Rajoy si celui-ci veut leur soutien sur l'attitude à adopter en Catalogne. Or, pour le leader conservateur, l'appui du socialiste Pedro Sanchez est crucial car il ne veut pas, lui qui gouverne en minorité, être taxé de représentant d'un Etat oppresseur. Il souhaite qu'il y ait une union sacrée entre son parti, le parti populaire et les centristes libéraux de Ciudadanos.
Une union sacrée autour d'une position commune, à savoir l'article 155, c'est à dire la mise sous tutelle de la Catalogne, doit être temporaire, et doit se faire de façon correcte, sans démonstration de force. Elle ne doit servir qu'à ramener la Catalogne dans la légalité, pour ensuite organiser des législatives, ce qui signifierait un retour à la normalité.
Bien entendu, les choses seraient plus simples, disent Rajoy et Sanchez, si le séparatiste Puigdemont ne déclarait pas l'indépendance et s'il convoquait lui-même des élections anticipées. Dans ce cas, il n'y aurait pas de nécessité d'appliquer l'article 155.
■ L'éclairage de Gabriel Colomé, professeur de sciences politiques à l'Université autonome de Barcelone :
Que va faire concrètement le gouvernement espagnol ?
Ce qu’il peut faire, c'est prendre une partie de l’autonomie catalane, et surtout, la chose la plus importante qu’ils vont décider demain, c’est de convoquer des élections en Catalogne au mois de janvier, c’est-à-dire une période très courte de suspension de l’autonomie pour qu’il y ait des élections au mois de janvier.
Et du côté de la réaction du gouvernement catalan, qu’est-ce qui peut se passer ?
Avant que l’article 155 ne s'applique, c'est-à-dire avant vendredi 27 octobre, la réaction du gouvernement pourrait être de proclamer la République, premier scénario. Deuxième scénario possible, proclamer la République et, en plus, décider de la distribution du Parlement en convoquant des élections constituantes d’une nouvelle République.