Catalogne: à la veille du référendum, la désobéissance civile bat son plein

A Barcelone et dans le reste de la Catalogne, l'incertitude règne à la veille du référendum d'autodétermination organisé dimanche 1er octobre par les autorités catalanes séparatistes et que le pouvoir central de Madrid interdit.

Avec nos envoyés spéciaux à Barcelone, Béatrice Leveillé, François Musseau et Raphaël Moran

Plusieurs formes de résistance s'organisent en Catalogne à la veille d'une journée électorale très incertaine. Ce sont des syndicats paysans qui circulent en tracteurs hérissés de drapeaux indépendantistes, des policiers catalans qui laissent planer le doute quant à leur attitude le jour du référendum. Ou encore des habitants qui s'enferment dans des établissements qui doivent servir de bureaux de vote.

C'est le cas de Deborah Torres, la voisine d'une école occupée de Barcelone. C'est là qu'elle est censée voter dimanche. « L'objectif c'est de maintenir l'école ouverte jusqu'à dimanche », indique-t-elle. Pour cela, les occupants vont organiser des quarts afin qu'il y ait toujours quelqu'un à l'intérieur de l'établissement. « On craint l'arrivée de la police, mais en même temps on n'a pas peur parce qu'on n'a rien fait de mal », estime-t-elle.

Les étudiants mobilisés

Sur la plaza Universitat, tout près de la place de Catalogne et des Ramblas, des dizaines d'étudiants ont installé des tables d'information, ou de propagande, selon le point de vue. Les slogans indépendantistes sont omniprésents. « Nous voterons, nous allons gagner », ou encore « Démocratie », peut-on lire.

Ces étudiants se relaient depuis des jours pour combattre ce qu'ils appellent l'autoritarisme espagnol. Pour eux, la consultation est une nécessité, elle doit absolument pouvoir avoir lieu. « Ce n'est pas seulement un mouvement étudiant mais citoyen, car ce ne sont pas seulement les étudiants qui sont mobilisés, mais tout le monde, toute la population de la Catalogne qui est mobilisée pour réclamer son droit à voter », affirme Hector, 19 ans, étudiant en philosophie.

D'innombrables personnes passent devant leurs stands. On y distribue des dépliants, on indique où se situent les collèges électoraux, on conseille les gens un peu perdus sur l'attitude à adopter ce dimanche en cas d'altercations avec la police. Angels, la cinquantaine, est venue apporter son soutien à ces étudiants. Pour elle, l'enjeu est grand : « C'est défendre notre dignité, notre liberté. Et que nos fils et nos petits-fils puissent hériter d'un pays meilleur, plus honnête. »

« On veut une République catalane »

Une vieille dame dynamique avec son mari explique être venue récupérer un bulletin de vote. « On veut une République catalane », lance-t-elle. Une autre, montrant le bulletin de vote qu’elle vient de glisser dans son sac à main, chuchote comme si elle était en train de faire un acte délictueux : « Regardez, le voilà, et à l’université, ils m’ont dit aussi où voter. Je serai avant 9h devant le collège et je mettrai une croix, là, sur le oui. »

Ainsi, bien que le pouvoir central ait interdit formellement aux 5 millions de votants catalans de participer au référendum, une large partie de la société régionale refuse ce diktat et se prépare à voter massivement dans des collèges électoraux mis à disposition par les autorités régionales. Dans les médias séparatistes, on assure qu'aucune force ne pourra s'opposer « à la puissance d'un peuple entier à s'exprimer librement sur sa volonté ou non de continuer à appartenir à l'Espagne. » Le moins que l'on puisse dire est que l'issue est incertaine.

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