Jonas Valaitis voit tous les jours la Russie depuis sa fenêtre. Sa ville de Kudirkos Naumiestis est une ancienne ville-frontière, séparée de l'enclave de Kaliningrad par la petite rivière Sesupe. Au-delà, ce sont uniquement des champs en friche appartenant à une zone militaire russe. Les casernes sont beaucoup plus loin.
Cet agriculteur, le roi de la pomme de terre dans sa région, ne craint pas d’habiter si près. « Depuis la fermeture de la frontière, il y a 25 ans, je n’ai jamais vu un seul garde-frontière patrouiller de leur côté. Pour nous, l’Otan assure notre sécurité comme jamais. Et nos services de protection sont actifs jour et nuit », assure-t-il à notre correspondante à Vilnius, Marielle Vitureau.
Moscou et Minsk ont lancé jeudi 14 septembre de grandes manoeuvres militaires conjointes en Biélorussie, à Kaliningrad et dans d'autres régions du nord-ouest de la Russie, aux frontières de la Pologne et des pays baltes. Ces manoeuvres présentent « un caractère purement défensif et ne sont dirigées envers aucun pays en particulier », a tenu à rassurer le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Mais depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et l'éclatement du conflit dans l'est de l'Ukraine, les pays européens voisins de la Russie voient Moscou comme une menace potentielle à leur souveraineté. Certains, la Lituanie et l'Estonie en tête, doutent des chiffres annoncés par l'état-major russe pour ses exercices militaires et évoquent plus de 100 000 soldats mobilisés.
Pour les frontaliers comme Jonas Valaitis, les bonnes relations sont importantes et les craintes de Vilnius semblent parfois exagérées. Une vague de patriotisme a néanmoins submergé la Lituanie. Car depuis la guerre en Ukraine, l’imprévisibilité de Moscou fait peur dans ce pays autrefois dans le giron soviétique. Les « elfes » lituaniens surveillent donc le Net pour démonter la propagande russe déversée par les trolls.
Cette année, le budget de la Défense lituanien atteint près de 2 % du PIB. Et même si à la tête de l’Etat on joue la carte de l’apaisement, la défense aérienne reste le grand chantier de la Lituanie.
→(Re)lire: Zapad 2017, ces manoeuvres «défensives» qui inquiètent les voisins de la Russie