L’ONG Sea Eye explique avoir décidé de reprendre ses activités de sauvetage en Méditerranée après une opération menée le 2 septembre au large des côtes libyennes où 16 personnes ont été secourues. Les survivants avaient raconté être partis de Libye en même temps que deux autres bateaux pneumatiques qui ont depuis disparu.
« Ces deux évènements, le sauvetage et la disparition des deux autres bateaux contredisent les affirmations de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, selon lesquelles il n'y a plus de mouvement migratoire ni de morts au large des côtes libyennes. Ce qui veut dire que notre aide est toujours nécessaire », affirme Hans-Peter Buschheuer, porte-parole et co-fondateur de Sea Eye.
Comme MSF, Save the Children et d’autres organisations, Sea Eye avait annoncé à la mi-août la suspension de ses opérations de sauvetage, invoquant des problèmes de sécurité. Affirmant que les bateaux des ONG facilitaient l’immigration illégale, les autorités libyennes avaient en effet interdit aux bâtiments étrangers de naviguer dans une zone de recherche et de sauvetage au large de sa côte.
→ (RE)LIRE : Libye: «Si les bateaux des ONG disparaissent, la migration disparaîtra aussi»
Depuis, la situation n’a pas évolué, déplore Sea Eye. Elle poursuivra donc ses opérations à une distance de « 70 à 90 miles nautiques » au large des côtes libyennes, dans des eaux que les garde-côtes libyens n’ont pas revendiquées comme faisant partie de leur zone d’intervention. « Mais ces eaux se situent très loin de la côte, et il sera difficile d'y trouver encore des bateaux de migrants », regrette Hans-Peter Buschheuer.
Le porte-parole et cofondateur de l’ONG dit que des discussions ont été menées ces dernières semaines avec les autorités allemandes afin d’obtenir la protection nécessaire pour continuer à naviguer dans des eaux faisant partie des eaux internationales sans être mis en danger. En vain. « C'est une catastrophe ! Les actions des Libyens sont clairement contraires au droit international et les Européens payent les Libyens pour qu'ils nous débarrassent des Africains. A nos yeux il s'agit là d'un déshonneur et d'une très grande honte pour l'Europe », dénonce Hans-Peter Buschheuer.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 100 000 personnes ont déjà pris la mer depuis la Libye vers l’Europe cette année. Plus de 2 300 sont mortes en tentant la traversée.